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Législatives en Italie : « beaucoup de confusion dans ces élections »

Le Vif

Les Italiens, soumis à une sévère cure d’austérité depuis plus d’un an, élisent dimanche et lundi députés et sénateurs, un scrutin observé à la loupe par l’Europe qui craint une instabilité politique dans la troisième économie de la zone euro.

A 18H00 GMT, 44,26% des 47 millions d’Italiens appelés aux urnes avaient voté, un taux en légère baisse par rapport aux précédentes élections en 2008 à la même heure (46,66%), selon des estimations du ministère de l’Intérieur. Le vote s’est poursuivi jusqu’à 21H00 GMT, puis lundi de 06H00 GMT à 14H00 GMT.

Quatre grandes coalitions s’affrontent : celle des centristes menés par le chef du gouvernement sortant Mario Monti, l’autre par son prédécesseur (centre-droit) Silvio Berlusconi, la troisième par le leader de la gauche Pier Luigi Bersani et enfin le trublion de la vie politique italienne l’ex-comique Beppe Grillo.

M. Berlusconi a fait sensation malgré lui, assailli par trois féministes seins nus alors qu’il s’apprêtait à pénétrer dans son bureau de vote à Milan. Les trois femmes, au dos et à la poitrine ornés de « Basta Silvio » (Silvio, ça suffit), ont été interpellées avant d’avoir pu atteindre le Cavaliere. Le mouvement Femen a ensuite revendiqué cette opération « sextremist », arguant que « l’Italie ne doit pas voter pour quelqu’un qui devrait être en prison ». Le magnat des medias comparait a plusieurs procès en cours, dont un pour fraude fiscale et l’autre pour prostitution de mineure.

Le « professore » Mario Monti avait été le premier à voter, à Milan, la mine fermée et sans sourire, suivi à Piacenza (nord) d’un Bersani légèrement plus détendu. Quant à Beppe Grillo, il se faisait toujours attendre dimanche soir alors que des dizaines de journalistes piétinaient en vain depuis l’aube devant son bureau de vote à Gênes.

Interrogé à la sortie des bureaux de vote à Rome, Ida, 48 ans, jugeait que « c’est une occasion de changer l’Italie, après 20 ans de berlusconisme ». « Il y a beaucoup de confusion dans ces élections. Je vote Berlusconi. Je sais qu’il a ses défauts, mais c’est le meilleur », annonçait de son côté Maria Teresa Gottardi, 65 ans.

Selon les derniers sondages disponibles, le Parti démocrate de M. Bersani part favori avec près de 34% des intentions de vote, suivi du PDL de M. Berlusconi (30%). L’ex-comique et son mouvement Cinq étoiles (M5S) raflerait 17% des voix et M. Monti entre 10 et 12%.

Mais la principale question porte sur la stabilité du futur gouvernement. Si M. Bersani semble assuré d’emporter la majorité à la Chambre des députés (où une seule voix de plus lui assure la majorité absolue des sièges), la situation est plus complexe au Sénat où tout dépend du poids des coalitions dans chacune des régions.

Tout se joue dans quelques régions clés, notamment la riche Lombardie. Le pire scénario étant que l’Italie se retrouve ingouvernable, avec une majorité différente à la Chambre et au Sénat, hypothèse qui inquiète les marchés et partenaires de Rome.

Mais selon les experts, le plus probable est une alliance à terme entre MM. Bersani et Monti.

« Notre succès pourra rendre plus forte la bataille en Europe pour la croissance et l’équité », a argué M. Bersani au quotidien l’Unità (ex-communiste). « Les fameux marchés exigent que quelqu’un réussisse à mettre le pays sur une voie sûre ».

La publication des sondages est interdite depuis quinze jours, mais des petits malins ont trouvé moyen de contourner la difficulté : profitant de l’actualité vaticane, avec la démission du pape Benoît XVI et la tenue prochaine d’un conclave, ils diffusent sur le net des sondages masqués avec pour héros « le joyeux cardinal de Piacenza (comprenez Bersani), l’explosif camerlingue de Gênes (Grillo) ou le volcanique cardinal lombard (Berlusconi)…

Silvio Berlusconi, parti sous les huées en novembre 2011 en laissant une Italie au bord de l’asphyxie financière, a effectué une remontée spectaculaire dans les sondages. Il a réussi à talonner le leader de la gauche, jugé peu charismatique.

Mario Monti pâtit des conséquences de la politique d’austérité qui a rétabli la confiance des marchés mais enfoncé le pays dans la récession.

Quant à Beppe Grillo, dont les meetings ont rassemblé de véritables marées humaines, il catalyse la rage d’Italiens victimes du chômage et de la récession. Et beaucoup s’attendent à une forte poussée de ce vote protestataire. Réponse lundi en début de soirée.

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