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Législatives en France : les enjeux d’une victoire annoncée

Si l’UMP devrait obtenir un score honorable et le FN faire son retour à l’Assemblée nationale, tous les sondages donnent au PS du président Hollande l’assurance d’une majorité forte. Voire absolue.

Les Français ont commencé à voter dimanche pour le second tour des législatives, qui devrait apporter au Parti socialiste du président François Hollande la majorité nécessaire pour appliquer son programme.


Le scrutin s’est ouvert à 8 h et se clôturera à 20 h dans les grandes villes. Les électeurs doivent élire 541 députés, 36 ayant été élus dès le premier tour le 10 juin, marqué par un fort taux d’abstention (42,7 %). La plupart des sondages créditent le PS et deux petits partis alliés de plus de 289 sièges sur les 577 que compte l’Assemblée nationale. Au premier tour les socialistes et divers gauche avaient obtenu 34,4 % des voix, les écologistes 5,4 %, la gauche radicale 6,9 %.


Le PS, seul maître à bord ?


C’est évidemment le premier chiffre qu’il faudra guetter ce soir, à 20 heures: plus ou moins de 289 sièges? Il semble acquis que la gauche remportera ces législatives, mais le PS serait bien embarrassé de devoir compter sur les écologistes, et encore plus sur les remuants élus du Front de gauche. La tendance de ces derniers jours laisse entendre que les socialistes pourront se passer des quelques élus communistes pour gouverner. Les radicaux de gauche, les apparentés, et peut-être le groupe Europe Ecologie, devraient suffire.


Mais, le PS serait ravi d’aller encore plus loin. Car si François Hollande veut appliquer la totalité de son programme, il va devoir passer par le Congrès et réunir 3/5 des voix des parlementaires. 177 sièges sont acquis à la gauche au palais du Luxembourg, il en manque donc 378 à l’Assemblée. La gauche n’a jamais été annoncée à un tel niveau dans les sondages. Le droit des votes des étrangers ou la réforme institutionnelle ne sont pas encore acquis. Loin de là.


Ecolos et communistes, chacun son groupe ?


Le visage de la très probable majorité parlementaire de gauche ne dépendra pas que du nombre de députés PS. Il variera énormément selon le nombre de groupes parlementaires. Les écolos sont en bonne position. Les instituts leur attribuent entre 13 et 20 sièges, tout près donc de la barre fatidique des 15. Ce serait la première fois dans l’histoire politique française que des Verts obtiennent un groupe autonome. Dans ce cas, Cécile Duflot pourrait en tout cas quitter la direction du parti avec l’impression du devoir accompli.


Pour le Front de gauche, l’avenir est bien moins rose. La stratégie de bousculer les socialistes a échoué. De 19 députés avant ces législatives, les communistes vont tomber à moins de quinze. Le président du groupe, Roland Muzeau n’est plus en lice. Tous les cadres du Parti de gauche ont failli. Pierre Laurent a donc demandé l’abaissement du seuil pour constituer un groupe de 15 à 10, mais ce n’est même pas sûr que le Front de gauche atteigne ce plafond.


Le pire serait qu’un groupe de divers gauche et de radicaux parviennent, eux, à s’allier et acceptent de recueillir les quelques communistes restants.


Direction le désert pour le MoDem ?


Le MoDem s’apprête à souffrir après ces législatives. Comme en 2007, vous dites-vous ? Non, ce sera pire. Cette fois-ci, son leader de toujours, François Bayrou, est en grande difficulté dans son fief de Pau. Avec 23,63%, il est arrivé loin derrière son adversaire PS, Nathalie Chabanne (34,9%) et doit également affronter un candidat UMP (21,73% au 1er tour). Si vous deviez parier sur un candidat MoDem, on vous conseillerait plutôt de vous reporter sur Jean Lassalle, voire Thierry Benoît. Le premier devra compter sur les régionalistes pour combler son retard sur le candidat PS, mais puisqu’il chante en béarnais partout où il passe… Le second est arrivé en tête du premier tour dans la 6e d’Ille-et-Vilaine, mais les réserves de voix à droite sont minces. Enfin, il y a le cas de Philippe Folliot. Bien parti dans la 1er du Tarn, il a de fortes chances d’être élu. Problème : bien que candidat  » Centre pour la France « , l’étiquette du MoDem, il est historiquement proche du Nouveau centre. Et quand il faudra choisir entre siéger en non-inscrit ou rejoindre le groupe NC, on devine de quel côté il penchera.


Le FN, jusqu’où ?


24 ans après, le Front national s’apprête à faire son retour à l’Assemblée nationale. Mais avec quels élus ? En réalité, on ne sait même pas s’il faut poser cette question au pluriel. Cinq candidats frontistes sont concernés par une éventuelle élection. Dans la 6e de Moselle, Florian Philippot doit faire le plein de voix UMP (pratiquement 100% de reports de voix). Le maintien d’Etienne Mourrut, dans la 2e du Gard, complique sérieusement la tâche de Gilbert Collard. Et même si l’UMP Roland Chassain s’est, lui, désisté dans la 16e des Bouches-du-Rhône, le socialiste Michel Vauzelle devrait bénéficier de la mobilisation de l’électorat de gauche. Reste le cas des Le Pen : Marine, à Hénin-Beaumont, aura du mal à améliorer son score du premier tour, sa nièce Marion est dans une situation un peu plus favorable. Mais là encore, elle va devoir compter sur un important report des voix UMP. Or, le député sortant, Jean-Michel Ferrand, s’est maintenu.


En réalité, le seul député d’extrême-droite possible pourrait ne pas venir du FN : Jacques Bompard est en excellente position à Orange. Il sera alors intéressant de voir comment Marine Le Pen tentera de revendiquer le succès de cet homme, qui a contribué à fonder le Front national et en a été exclu en 2005.


Verront-ils 2017 ?


Enfin, il y a les cas personnels. A droite, deux prétendants à un rôle majeur dans les prochains mois, ou les prochaines années, sont en danger: Xavier Bertrand à Saint-Quentin et Nathalie Kosciusko-Morizet à Longjumeau. Tous les deux figurent sur la liste noire de Marine Le Pen. Si les électeurs frontistes suivent les consignes de leur patronne, alors ils seront out.


A gauche, tous les regards seront évidemment tournés vers La Rochelle où Ségolène Royal est en difficulté face à Olivier Falorni. Deux sondages la donnent battue. Ce serait un coup dur porté à sa carrière politique, mais pas la fin, jure-t-elle.


LeVif.be, avec L’Express.fr et Belga

Participation en légère hausse à midi

Le taux de participation au second tour des élections législatives était de 21,41% dimanche à midi en métropole, en légère hausse par rapport au premier tour, dans un scrutin où la gauche part favorite six semaines après la victoire de François Hollande à la présidentielle.

La semaine dernière à la même heure, la participation était de 21,06% en métropole. Au second tour des législatives 2007, 22,89% des électeurs s’étaient déjà rendus aux urnes à la mi-journée. Au premier tour la semaine dernière, la participation globale (métropole et outre-mer) avait été la plus faible de tous les scrutins législatifs sous la Ve République. Le taux d’abstention avait atteint un record de 42,77%.

L’abstention finale pourrait être une clé du scrutin du dimanche, droite et gauche ayant appelé les Français à se mobiliser.

Pour ce second tour, clos dans la plupart des collectivités d’outre-mer, les électeurs semblent un peu plus nombreux à s’être rendus aux urnes, d’après les chiffres disponibles à la mi-journée en métropole.

Le scrutin est l’occasion pour la gauche de donner au président François Hollande une majorité confortable à l’Assemblée nationale et pour la droite celle de limiter les dégâts, un mois après son échec à la présidentielle.

A La Rochelle, l’un des points-chauds de ce second tour, le socialiste dissident Olivier Falorni, qui défie la présidente de Poitou-Charente, Ségolène Royal, ont tous les deux voté avant midi. Et, comme à son habitude, François Bayrou, président du MoDem, a été l’un des premiers à voter, dans les Pyrénées-Atlantiques où il joue son avenir politique.

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