Mike Pence

Le vice-président américain demande à l’ONU de reconnaître Guaido comme dirigeant du Venezuela

Le vice-président américain Mike Pence a demandé mercredi à l’ONU de reconnaître l’opposant Juan Guaido comme le dirigeant du Venezuela et réclamé le départ de Nicolas Maduro, s’attirant aussitôt les foudres de la Russie, qui a dénoncé les « ingérences » des Etats-Unis destinées « à renverser son régime ».

Evoquant devant le Conseil de sécurité, lors d’une réunion demandée par Washington, « un Etat en déroute », Mike Pence a précisé que les Etats-Unis étaient en train de rédiger un projet de résolution pour cette reconnaissance par les Nations unies. Il pourrait être présenté à l’Assemblée générale de l’ONU, où la Russie et la Chine, soutiens du président vénézuélien Nicolas Maduro, n’ont pas de droit de veto.

S’adressant au représentant du Venezuela, qui tapotait sur son téléphone portable, le vice-président américain lui a lancé qu’il ferait mieux de rentrer dans son pays dire à Nicolas Maduro que « son heure était comptée ». Il « doit partir », a-t-il insisté. En rappelant les sanctions individuelles déjà prises par Washington à l’encontre de responsables vénézuéliens, Mike Pence a aussi annoncé que Donald Trump allait « adopter prochainement des sanctions contre Cuba pour sanctionner son influence négative au Venezuela ».

Washington va augmenter de 60 millions de dollars son assistance humanitaire aux Vénézuéliens, a-t-il également dit. « C’est un nouvel épisode du spectacle destiné à renverser le régime » de Nicolas Maduro, s’est insurgé l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, alors que Mike Pence avait déjà quitté la salle du Conseil. Le Venezuela « ne menace pas la sécurité internationale, ce sont les acteurs extérieurs qui la menacent ». « Si vous souhaitez rendre leur grandeur aux Etats-Unis, ce que nous souhaitons tous, arrêtez les ingérences », a lancé le diplomate russe. La Chine a aussi affirmé son opposition à « toute ingérence » au Venezuela, comme à « toute intervention militaire » dans ce pays.

Depuis le début de l’année, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est montré incapable de s’entendre sur une ligne commune à l’égard du Venezuela. Chaque mois ou presque, les Etats-Unis y envoient des responsables pour tenter de rassembler davantage de soutiens à Juan Guaido.

En janvier, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo avait fait le déplacement, suivi en février de l’envoyé spécial américain Elliott Abrams. Ce mercredi, « c’est Mike Pence, la prochaine fois ce sera Donald Trump? « , ironise un diplomate sous couvert d’anonymat. Fin février, deux projets de résolution concurrents avaient été rejetés par le Conseil de sécurité, illustrant la profonde division de la communauté internationale. L’un, rédigé par les Etats-Unis, réclamait des élections présidentielles « libres, justes et crédibles ».

Il a fait l’objet d’un double veto russo-chinois et d’un vote contre de l’Afrique du Sud. L’autre, proposé par la Russie pour dénoncer « les menaces de recourir à la force » brandies régulièrement par Washington, n’avait recueilli que le soutien de quatre pays (Russie, Chine, Afrique du Sud, Guinée équatoriale). La réunion du Conseil de sécurité était consacrée à l’aide humanitaire alors que, selon l’ONU, sept millions de personnes –près du quart de la population vénézuélienne– manquent de nourriture et de soins médicaux.

La capitale Caracas et une grande partie du Venezuela ont été à nouveau plongées dans le noir dans la nuit de mardi à mercredi en raison d’une nouvelle panne d’électricité. Depuis le 7 mars et une panne géante qui avait laissé presque tout le pays dans l’obscurité pendant cinq jours, les coupures d’électricité ont été sporadiques au Venezuela, affectant notamment les services de distribution d’eau, les transports et les réseaux de téléphone et internet. Juan Guaido a appelé le pays à manifester à nouveau ce mercredi à l’occasion d’une « Opération Liberté » contre le régime du président Maduro.

Ce dernier a rendu les sanctions américaines responsables des problèmes économiques de son pays, mais son opposant estime que c’est l’incurie du gouvernement et la corruption en son sein qui sont à blâmer. La « crise humanitaire » a poussé, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), 3,4 millions de Vénézuéliens à quitter le pays pour une quinzaine d’Etats de la région. Ces migrants ou réfugiés ont fui pour des problèmes de sous-alimentation, à la recherche de médicaments pour des maladies chroniques ou en raison de la violence et de l’insécurité, relève le HCR.

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