Jeune palestinienne brandissant son lance-pierres, Bethleem, le 14 octobre 2015 © Reuters

Le « Vendredi de la révolution » aura-t-il lieu dans les territoires palestiniens?

Le Vif

Les groupes palestiniens ont tous appelé à manifester pour un « vendredi de la révolution » en Cisjordanie et dans la bande de Gaza après la prière hebdomadaire musulmane, alors que le Conseil de sécurité doit tenir une réunion d’urgence sur les violences.

Cette réunion demandée par la Jordanie, seul membre arabe du Conseil, commencera vendredi à 11H00 locale (15H00 GMT) à New York (Etats-Unis). Le groupe des pays arabes à l’ONU avait chargé la Jordanie de cette démarche à l’issue d’une réunion jeudi après-midi.

La Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, sont secouées depuis le 1er octobre par des heurts entre jeunes lanceurs de pierres et soldats israéliens, des agressions entre Palestiniens et colons et des attentats, principalement à l’arme blanche, qui font redouter une nouvelle intifada.

La police israélienne a annoncé jeudi soir que seuls les hommes de plus de 40 ans seront autorisés à pénétrer pour la prière du vendredi dans l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est, « dans le cadre des mesures destinées à empêcher toute attaque terroriste ».

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est redit prêt à rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas, tout en lui reprochant d’encourager la violence.

« Il est temps que le président Abbas cesse non seulement de justifier les violences, mais d’appeler aux violences », a dit M. Netanyahu à la presse.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a fait des déclarations similaires. « Le président Abbas s’est engagé en faveur de la non-violence. Il doit condamner (la violence), haut et fort », a-t-il souligné auprès de la radio NPR News, qui a dévoilé des extraits d’une interview devant être diffusée vendredi.

« Et il ne doit pas se livrer à une incitation dans le registre de ce qu’il a parfois été entendu dire. Donc ça doit s’arrêter », a poursuivi M. Kerry, qui prévoit de se rendre dans la région « dans les prochains jours ».

Les violences ont fait 32 morts, dont plusieurs auteurs d’attentats, et des centaines de blessés côté palestinien, ainsi que sept morts et des dizaines de blessés côté israélien. Elles se sont étendues le 9 octobre, après la prière hebdomadaire précisément, à la bande de Gaza, coupée géographiquement de la Cisjordanie par le territoire israélien, et cadenassée par les blocus israélien et égyptien.

– Soldats déployés en ville –

Les troubles ont semblé marquer une pause jeudi, pour la première fois depuis plusieurs jours.

Les forces israéliennes étaient déployées massivement à Jérusalem, les policiers et les garde-frontières, fusils en bandoulière, scrutaient les alentours sur les places publiques, aux carrefours et sur les grands axes, déambulant là où on ne les voyait pas auparavant.

Trois cents soldats viendront dimanche à Jérusalem pour prêter main forte aux policiers, a dit l’armée.

L’un des derniers déploiements importants de soldats dans les villes israéliennes remonte à 2002, au cours de la deuxième Intifada, en même temps qu’une vaste opération militaire israélienne en Cisjordanie occupée, selon une source proche des services de sécurité.

L’appel à l’armée est supposé contribuer à endiguer les violences, mais aussi rassurer la population car les alertes se succèdent, souvent injustifiées, et l’anxiété pousse les Israéliens à s’armer. Des photos publiées dans le quotidien populaire Yediot Aharonot montrent une juive dans le bus armée d’un rouleau à pâtisserie, d’autres encore déambulant avec des manches de pioche ou des manches à balai.

Hormis les armureries, le commerce souffre. « On fait 15% de moins de chiffre d’affaires que normalement », confie Aron Silverberg, gérant d’un magasin de téléphonie mobile du marché de Mahane Yehuda. Le marché, habituellement grouillant, était largement déserté jeudi.

Le gouvernement israélien a annoncé mercredi matin une série de mesures pour endiguer la vague de violences, qui venait de culminer avec la mort de trois Israéliens mardi dans une attaque à la voiture bélier et le premier attentat à l’arme à feu dans un bus depuis le début de l’escalade le 1er octobre.

Les tensions suscitent les appels à la haine sur les réseaux sociaux. « Tout le monde nous suspecte, le racisme est de plus en plus grand », déplore Shahr Omraq, 51 ans, employé de nettoyage palestinien près d’un arrêt de bus.

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