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Le tatouage, nouvel étendard des manifestants à Hong Kong

Le Vif

Parapluies, fleurs, masques à gaz: à Hong Kong, de nombreux manifestants se font tatouer des motifs rebelles, en signe de soutien au mouvement de protestation contre le gouvernement local et Pékin.

« Avec ce tatouage, je me souviendrai toujours de cette année où j’ai lutté pour ma liberté », déclare à l’AFP « C », une employée du secteur financier qui ne souhaite être identifiée que par une unique initiale.

Elle montre un rictus de douleur au moment où l’aiguille chargée d’encre dessine sur le haut de sa cuisse une fleur de bauhinia — le symbole de Hong Kong, ex-colonie britannique retournée à la Chine en 1997.

Contrairement à la fleur présente sur le drapeau officiel du territoire semi-autonome, elle a refusé de se faire tatouer les cinq étoiles dessinées dans les pétales, celles qui représentent le Parti communiste (PCC) au pouvoir en Chine continentale.

Par ce geste, elle dit vouloir affirmer son identité régionale hongkongaise face au reste du pays et à l’autorité de Pékin.

Hong Kong est secoué depuis juin par des manifestations massives contre un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.

‘Courage!’

Et les tatoueurs de la ville disent avoir enregistré une hausse sensible des demandes de dessins liés au mouvement de protestation.

Parmi les plus populaires: des parapluies (symboles du mouvement pro-démocratie de 2014 à Hong Kong), des masques à gaz et des casques (utilisés face à la police) ou encore des calligraphies stylisées.

Un motif est notamment très demandé, celui de deux caractères chinois qui peuvent se lire comme « Hong Kong » ou « Courage! » selon le sens de lecture horizontal ou vertical.

« Se faire tatouer, ça montre que vous gardez le contrôle de votre corps », déclare Iris Lam, une tatoueuse de 28 ans reconnue pour ses calligraphies.

Un client de Mme Lam, âgé de 40 ans, voulait se faire tatouer sur toute la longueur du bras des scènes des manifestations. Mais il a décidé d’attendre la fin du mouvement.

« Il ne veut pas prendre le risque d’être touché par des gaz lacrymogènes ou d’avoir une plaie. Cela serait douloureux et compliqué de prendre soin de son tatouage si c’était le cas. »

Gratuit

Si les deux derniers weekends ont été relativement calmes, Hong Kong est le théâtre d’une escalade de la violence depuis ces dernières semaines.

Les policiers utilisent des gaz lacrymogènes, des matraques et des balles en caoutchouc, face à certains manifestants radicaux armés de briques et de cocktails Molotov.

Né de l’opposition au projet de loi sur les extraditions, la contestation s’est élargie en une demande plus large pour davantage de démocratie. Des centaines de milliers de Hongkongais ont défilé dans les rues.

« Beaucoup de gens veulent entretenir le souvenir de ces événements », explique Vincent Yau, un autre tatoueur. « Se faire tatouer, c’est un moyen de se dire que vous appartenez à ce grand mouvement. »

Il dit avoir tatoué gratuitement la plupart des manifestants en signe de soutien.

« L’art est une force », déclare Iris Lam, qui créé également des affiches de propagande pro-démocratie.

« C’est une force pour diffuser une idée, pour toucher les gens, les inspirer. »

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