Chérif et Said Kouachi. © AFP

Le suspect Chérif Kouachi est connu de l’antiterrorisme

Le Français Chérif Kouachi, 32 ans, recherché dans l’enquête sur l’attentat contre le journal Charlie Hebdo, est un djihadiste connu des services antiterroristes, déjà condamné pour avoir participé à une filière d’envoi de combattants en Irak, tandis que son frère Said, 34 ans, également recherché, n’a jamais vraiment fait parler de lui.

Ils sont soupçonnés d’être les auteurs de la tuerie qui a fait douze morts mercredi à Paris. Ils avaient été placés, avec deux autres frère et soeur, pendant six ans, de 1994 à 2000, dans un centre éducatif en Corrèze (centre), à Treignac, selon l’AFP, confirmant une information du journal local La Montagne. « Cette fratrie nous a été confiée en 1994 par les services sociaux de Paris parce qu’elle vivait dans une famille vulnérable », a expliqué à La Montagne Patrick Fournier, chef du service éducatif de l’établissement. Il les décrits comme « parfaitement intégrés » et n’ayant « jamais posé de problèmes de comportement » pendant leur séjour. « Said a passé (un diplôme) d’hôtellerie chez nous » et Chérif « a suivi une formation en électrotechnique », ajoute M. Fournier.

Né en novembre 1982 à Paris, de nationalité française, surnommé Abou Issen, Chérif Kouachi a fait partie de ce qui a été appelé « la filière des Buttes-Chaumont », du nom d’un quartier de Paris. Sous l’autorité de « l’émir » Farid Benyettou, cette filière visait à envoyer des djihadistes en Irak dans les rangs de la branche irakienne d’Al-Qaïda, dirigée à l’époque par Abou Moussab al Zarkaoui.

Interpellé juste avant de partir à destination de l’Irak via la Syrie et incarcéré, il a été jugé en 2008 et condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis. C’est à la prison de Fleury-Mérogis où il était en détention préventive, de novembre 2005 à octobre 2006, qu’il a fait la connaissance de Djamal Beghal, une figure de l’islam radical français, condamné à dix ans de privation de liberté pour la préparation d’attentats. Dès lors, Chérif Kouachi a été, selon une source proche du dossier, « sous l’influence » de Djamal Beghal et s’est fait remarquer par « une pratique très rigoriste de l’islam ».

Pour le chercheur Jean-Pierre Filiu, connaisseur de la mouvance islamiste radicale, Chérif Kouachi est lié à l’organisation Etat islamique (EI). Il a ainsi assuré à l’AFP qu’un membre franco-tunisien de ce groupe, Boubaker al-Hakim, faisait partie au début des années 2000 de la même filière que lui, celle des Buttes-Chaumont. En 2010, le nom de Chérif Kouachi est cité dans le projet visant à faire évader de prison l’islamiste Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien membre du Groupe islamique armé algérien (GIA), condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir commis l’attentat à la station RER (réseau de transport régional) Musée d’Orsay en octobre 1995 à Paris (30 blessés). Après avoir été mis en examen dans cette affaire, où il jouait un rôle marginal, il bénéficie d’un non-lieu.

Crâne rasé, bouc clairsemé sur la photographie diffusée par la police, Chérif Kouachi était, avant de basculer dans l’islam radical, un fan de rap, comme le montre une vidéo datant de l’été 2004 diffusée en 2005 dans l’émission « Pièces à conviction » de la chaîne de télévision France 3. Son frère Saïd, de deux ans son aîné – il est né en septembre 1980 également dans le Xe arrondissement de Paris- n’avait jusqu’à l’attentat contre Charlie Hebdo jamais attiré l’attention. C’est sa carte d’identité qui a été retrouvée dans le véhicule abandonné mercredi dans Paris par les suspects. Sur la photo accompagnant l’appel à témoins diffusé par la police, cet homme aux yeux marron a les cheveux courts et arbore une barbe peu fournie. Dans un premier avis de recherche diffusé mercredi soir figurait le nom d’un troisième suspect, Mourad Hamyd, 18 ans, beau-frère de Chérif Kouachi. Il était soupçonné d’avoir aidé les tueurs, un témoin ayant fait état de la présence d’un troisième homme dans la voiture au moment de la fuite. Mourad Hamyd s’est présenté mercredi en fin de soirée à la police à Charleville-Mézières (nord-est), « après avoir vu que son nom circulait sur les réseaux sociaux », a expliqué à l’AFP une source proche du dossier. Des internautes se présentant comme ses camarades de classe avaient auparavant affirmé sur Twitter qu’il était avec eux au lycée au moment de l’attaque.

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