Adan et Eve par Hendrick Goltzius (1558-1617). © DR

Le sexe dans la Bible, entre désirs et tabous

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Désir, plaisir, caresses interdites, adultère, inceste, sodomie, prostitution, sadomasochisme… Tous les aspects de la sexualité se retrouvent dans la Bible. Voyage au coeur de nos fantasmes.

Dans la Bible, on trouve un surprenant florilège de nos fantasmes. Le désir amoureux, le plaisir, les caresses interdites, la prostitution, le harcèlement sexuel, le viol, le voyeurisme, la masturbation, l’homosexualité, la sodomie, la chasteté, la virginité, le sadomasochisme : tous les aspects de la sexualité se retrouvent dans le Livre saint. Et prennent, à travers des récits mythiques célèbres ou moins connus, une dimension magico-religieuse.

Dans Et Dieu créa le sexe, qui paraît aux Presses de la Renaissance, Patrick Banon, spécialiste en science des religions et systèmes de pensée, chercheur affilié à l’université Paris-Dauphine et directeur de l’Institut des sciences de la diversité, remet en scène ces récits et les replace dans leur contexte historique, social et religieux. Une femme a les honneurs de la couverture de l’ouvrage (peinture de John Collier, 1887) : Lilith, la première compagne d’Adam et la première femme fatale. La tradition chrétienne est muette à son sujet, tandis que le Talmud et la Kabbale ont enrichi le mythe emprunté à la mythologie akkadienne et à l’épopée sumérienne de Gilgamesh. Femme de la nuit au parfum de souffre, elle a été créée en même temps qu’Adam. Dès lors, elle refuse de lui être soumise, de se tenir sous lui quand ils font l’amour, ce qui provoque une dispute. Libre de ses désirs et pulsions, elle veut avoir droit aux plaisirs de son sexe. « Un renversement du modèle femme-homme qu’imposent les mythes et les religions au fil des siècles », commente l’auteur.

Adam se plaint, Lilith s’obstine et finit par abandonner l’Eden. Pour se venger, elle deviendra le serpent qui provoquera la chute d’Eve, avec qui Adam vit désormais. Banni du Jardin, loin de l’arbre de Vie – sans doute un palmier-dattier, certainement pas un pommier ! -, le couple paie cher sa faiblesse. Adam doit tirer sa subsistance de son travail, jusqu’à ce qu’il retourne à la terre dont il est issu. Eve est condamnée à enfanter dans la douleur et ses descendantes sont vouées à expier jusqu’à la fin des temps la faute originelle d’avoir introduit la mort dans la vie des hommes.

De nombreux autres récits bibliques dessinent les contours d’un érotisme biblique : Cham et son père Noé, les filles de Lot, Samson et Dalila, Jessé et Nazbeth, David et Bethsabée, Judith et Holopherne, Onân et sa belle-soeur Tamar, Suzanne et ses deux harceleurs, Salomé et Hérode Antipas… L’interprétation de ces textes et leurs commentaires ne cessent de tracer les règles des rapports à l’autre, de redéfinir le masculin et le féminin. Peut-on pour autant en tirer des enseignements ? Quelle influence les récits de l’Ancien et du Nouveau Testament ont-ils sur nos comportements contemporains ? Orgasme, abstinence, célibat, monogamie, divorce, union homosexuelle…, autant de sujets qui animent les débats de nos sociétés depuis trois millénaires.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le dossier :

  • Les extraits du livre
  • L’interview de Patrick Banon : « Chacun espère un orgasme cosmique »

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