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Le sauvetage des mineurs chiliens commence cette nuit

Après plus de deux mois passés sous terre, les « 33 » doivent remonter à la surface à partir de ce mardi à 20h, heure locale.

Quand sera donné le top départ?

Le puits de secours a atteint les 33 mineurs de San José, l’équipe technique en a revêtu l’intérieur de tubes d’acier, pour consolider l’ouvrage, mais il reste encore quelques derniers préparatifs avant d’entamer le sauvetage. Fin du compte à rebours prévu pour mercredi minuit, heure locale. Ou peut-être même à 20h, toujours heure locale, affirme El Mercurio ce mardi.

La nacelle de 4 mètres de haut et de quelque 460 kilos qui doit les remonter à la surface, l’un après l’autre, a été testée de nombreuses fois. Mais il faut, pour la tracter sur le site du sauvetage, installer grues, treuils et poulies en surface. Ce travail devrait être terminé mardi au plus tard.

Pendant ce temps, au fond, les mineurs sont soumis à des tests pour appréhender leur réaction au stress physiologique auquel ils vont être confrontés durant la remontée. Et à la sortie, où les attendent une armée de plus de 1000 journalistes et un pays qui s’est passionné pour leur sort depuis deux mois.

Comment va se dérouler la remontée? Y a-t-il des risques?

L’ascension sur 622 mètres devrait commencer à minuit, mercredi matin. Elle pourrait prendre entre un jour et demi et deux jours, à raison d’une heure environ pour sortir chaque mineur.
Pendant la remontée susceptible de provoquer des accès de panique, les « 33 » pourront communiquer avec l’extérieur grâce à des micros et des écouteurs fixés à leur casque, à l’intérieur de la capsule Phénix. Chacun portera un « bio-harnais » tel un spationaute, avec des électrodes suivant en permanence fréquence cardiaque, respiratoire, ventilation, consommation d’oxygène, température. Des réserves d’oxygène sont à leur disposition en cas de besoin, comme l’indique cette infographie sur le site de La Tercera.

Car cette étape est la phase la plus délicate du sauvetage, vu les risques d’éboulements ou d’accès de stress chez les rescapés, confinés dans une nacelle très étroite hissée le long du puits de secours. Outre des bouts de roche qui pourraient se détacher, des pièces de la nacelle pourraient aussi se désolidariser. En cas de problème, le mineur pourra détacher l’habitacle de la nacelle, et contrôler lui-même une redescente douce, aidée par des roues sur le côté.

Dans quel ordre vont sortir les « 33 »?

Quand le ministre de la Santé leur a annoncé qu’un ordre de sortie serait pré-établi, les mineurs ont répondu en choeur: « Je veux être le dernier! », raconte El Mercurio. Dans le rôle du capitaine de « navire », ce sera finalement Luis Urzua, considéré depuis le début de leur enfermement forcé comme le chef du groupe. Juste avant lui, sortiront Pedro Cortez et Ariel Ticona, choisis « pour leurs compétences en matière de communication avec l’extérieur ». Compétences vitales pour l’équipe en cas de problème pendant le processus.

Pour le reste du casting, les mineurs ont procédé à un tirage au sort… qui ne devraient pas peser grand chose dans l’ordre finalement défini sur des « critères techniques, médicaux et politiques », selon un responsable cité par El Mercurio. Oui, politiques…

Parmi les cinq premiers à sortir, les « plus habiles » selon les catégories évoquées dans la presse chilienne, figurera ainsi le mineur bolivien Carlos Mamani, sans doute pour soigner les relations entre les deux pays voisins. Le président bolivien Evo Morales devrait même faire le déplacement, s’il n’a pas de match de football « amical » prévu ce mercredi… Les quatre autres membres de ce groupe sont choisis pour des raisons techniques. Du 6e au 16e, il s’agira d’évacuer ceux qui ont des soucis de santé comme José Ojeda (diabète), Jorge Galleguillos (hypertension) et Mario Gómez (silicose).

Qu’est-ce qui attend les mineurs à leur sortie?

Leurs proches bien sûr! Qui s’inquiètent de la surexposition médiatique auquel les rescapés vont être soumis dès leur sortie. D’après un sondage réalisé par La Tercera, c’est même ce qui les soucient le plus, plus que la santé physique et mentale des « 33 » notamment. Quant aux mineurs, ils ont demandé « un peu de patience » aux journalistes et souhaitent d’abord « passer quelques jours en famille avant de répondre à toutes les questions des médias », selon un responsable cité par le quotidien chilien.

Ils vont aussi retrouver la lumière du jour… Ils seront équipés de lunettes spéciales pour éviter toute agression des rayons du soleil sur leurs yeux accoutumés aux boyaux sombres dans lesquels ils viennent de vivre plus de deux mois. Un dispositif spécial a été mis en place pour les prendre en charge le plus rapidement possible: hôpital de campagne, hélicoptères pour les transférer à l’hôpital de Copiapo si besoin…

Enfin, aux côtés de son homologue bolivien, le président chilien Sebastian Piñera ne devrait pas rater cette occasion « dont il a rêvé si souvent » depuis deux mois. Il y a en effet de quoi faire rêver un politicien: en pleines célébrations du bicentenaire de l’indépendance chilienne, sa cote de popularité a été gonflée par l’élan patriotique nourri du drame des mineurs, prompts à entonner l’hymne national, 700 mètres sous terre. Piñera n’est pas le seul: son ministre des Mines Laurence Golborne en a largement profité également… Inconnu de la population chilienne il y a encore quelques semaines, il est devenu l’étoile montante de la politique nationale!

Les mineurs retrouveront un pays momentanément soudé par leur aventure, le bicentenaire, ainsi que la reconstruction post-séisme. Car Piñera, investi en mars, a hérité d’un pays en chantier, après le séisme de magnitude 8,8 et le tsunami qui ont ravagé le centre-sud, faisant 521 morts et laissant 30 milliards de dollars de dégâts. La Chili, qui n’a pas totalement réussi l’intégration de ses minorités, à l’image des indiens Mapuche, semble uni. Mais cet élan pourrait ne pas durer.

Marie Simon

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