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Le prix Nobel de la paix déposé sur la chaise vide de Liu Xiaobo

Le président du comité Nobel, Thorbjoern Jagland, a placé le diplôme et la médaille du prix Nobel de la paix sur la chaise vide du lauréat, le dissident emprisonné chinois Liu Xiaobo, qui n’a pas été autorisé à aller chercher sa récompense à Oslo.

Outre la chaise vide, un portrait géant de Liu Xiaobo souriant et un de ses textes lu par l’actrice norvégienne Liv Ullmann représentent symboliquement le lauréat dans l’Hôtel de ville où se tient la cérémonie de remise du Nobel. Une cérémonie en son honneur a lieu en ce moment à Oslo et en son absence.

A quelques heures de la remise symbolique à Oslo du Nobel de la paix à Liu Xiaobo, dont le domicile était entouré d’une sécurité très visible, la Chine exerçait encore une surveillance étroite des dissidents et des médias étrangers qu’elle censurait vendredi.
Ainsi, ni Liu, ni son épouse Liu Xia, en résidence surveillée, ni ses proches, empêchés de quitter la Chine, n’ont pu recevoir la prestigieuse récompense à propos de laquelle le régime communiste chinois n’a pas décoléré depuis son annonce il y a deux mois.

De nombreux véhicules de police, banalisés ou non, étaient stationnés aux abords de la résidence de Liu Xiaobo dans un complexe de tours de l’ouest de Pékin, où est confinée Liu Xia depuis l’annonce du Nobel.

La police relevait les noms des journalistes se trouvant aux abords de la résidence. CHRD a affirmé que Zhang Zuhua, co-auteur avec Liu Xiaobo de la « Charte 08 » réclamant une démocratisation, avait été enlevé jeudi près de chez lui par la police.

Les membres du Comité Nobel qualifiés de « clowns »

D’autres militants chinois en vue ont disparu de la circulation. Par ailleurs, les autorités comptent bloquer la diffusion des programmes de télévisions étrangères traitant de la remise symbolique prévue à Oslo ce vendredi.

Des sites internet de plusieurs médias étrangers sont également bloqués. La diffusion de CNN, de la BBC et de TV5 est interrompue par un écran noir quand les chaînes consacrent un reportage à la remise du prix par le Comité Nobel, dont les membres ont été qualifiés cette semaine de « clowns » par un porte-parole de la diplomatie chinoise.

Le Nobel à Liu Xiaobo « n’est pas contre la Chine »

De son côté, le président du Comité Nobel norvégien Thorbjoern Jagland a assuré jeudi que l’attribution du prix Nobel de la Paix 2010 au dissident chinois Liu Xiaobo n’était pas un geste « contre la Chine ».

« Ce n’est pas un prix contre la Chine. C’est un prix qui honore le peuple chinois », a déclaré M. Jagland. En soulignant l’impressionnant développement économique de la Chine, M. Jagland a cependant insisté sur le fait qu’il était important de faire pression pour obtenir parallèlement des réformes politiques et l’ouverture de la société civile.

Au sujet de la chaise vide qui représentera M. Liu, emprisonné en Chine, pendant la cérémonie de vendredi, M. Jagland a estimé qu’elle serait « un symbole fort illustrant à quel point le choix de ce lauréat était approprié ».

L’ONU appelle à la libération de Liu Xiaobo

Par ailleurs, le Haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Navi Pillay, a appelé jeudi à la libération du dissident chinois Liu Xiaobo. « Je pense que le cas doit être revu et que Liu Xiaobo doit être libéré aussi rapidement que possible », a expliqué Mme Pillay, au cours d’une conférence de presse.

La responsable a été critiquée par la famille du dissident chinois emprisonné sur le fait qu’elle ne se rendait pas vendredi à Oslo pour la remise officielle du prix. Elle s’était justifiée en expliquant que ce jour, le 10 décembre, est la Journée internationale des droits de l’homme et qu’elle devait être à Genève pour accueillir des militants venus du monde entier.

20 pays seront absents à la cérémonie

L’Institut Nobel a annoncé jeudi qu’après le revirement de certains, 19 pays avaient décliné l’invitation à la cérémonie de remise du Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo vendredi à Oslo, une liste à laquelle s’ajoute le Sri Lanka non compris dans le décompte officiel.

Selon le directeur de l’Institut, Geir Lundestad, l’Ukraine et les Philippines, d’abord comptées parmi les absents, seront finalement représentées à la cérémonie contrairement à l’Argentine, jusqu’alors comptabilisée parmi les présents mais qui n’y assistera probablement pas. Lundestad n’a pas fourni d’explication sur le revirement de ces pays.

Sur les deux pays qui n’avaient jusqu’à présent par encore répondu, l’Algérie a en définitive décliné l’invitation, a précisé le responsable, qui a dit ne toujours pas avoir reçu de réponse du Sri Lanka.

Toutefois, à Colombo, le gouvernement sri-lankais a annoncé le même jour que le pays, allié proche de la Chine, n’enverrait pas de représentant à la cérémonie.

Au final, sur les 65 ambassades présentes à Oslo, 20 ont décliné l’invitation, notamment la Chine, la Russie, la Serbie, l’Irak, l’Afghanistan et Cuba, et 45 l’ont acceptée, y compris les membres de l’UE, les Etats-Unis, le Japon, l’Inde et la Corée du Sud.

Ulcéré par l’attribution du Nobel à Liu Xiaobo qu’elle considère comme un « criminel », la Chine a demandé aux autres pays de ne pas participer à la cérémonie et menacé de « conséquences » ceux qui afficheraient leur soutien au dissident. C’est seulement la deuxième fois en 109 ans que le lauréat du Nobel de la Paix n’est pas présent physiquement pour recevoir son prix.

LeVif.be, avec Belga

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