Joachim Gauck © Belga

Le président allemand reconnaît le « génocide » arménien et la « coresponsabilité » de son pays

L’Allemagne, par la voix de son président Joachim Gauck, a reconnu jeudi soir pour la première fois le « génocide » arménien, soulignant la « coresponsabilité » allemande dans ce crime.

« Nous devons également, nous Allemands, faire notre travail de mémoire », a-t-il déclaré, évoquant « une coresponsabilité, et même, potentiellement, une complicité (de l’Allemagne) dans le génocide des Arméniens », lors d’une cérémonie religieuse à Berlin, à la veille des commémorations officielles du centenaire des massacres perpétrés par les Turcs ottomans, qui ont fait 1,5 millions de victimes entre 1915 et 1917.

C’est la première fois que l’Allemagne utilise officiellement le terme de « génocide » pour évoquer ces massacres. Une vingtaine de pays, dont la France et la Russie, avaient déjà franchi le pas. Ankara rejette toujours ce terme. M. Gauck prend le risque de froisser la Turquie, un important allié que Berlin s’est toujours efforcé de ménager sur ce sujet.

L’Allemagne abrite la première communauté turque à l’étranger, estimée à environ trois millions de personnes. Dans un texte publié lundi, et qui devait être discuté vendredi au Bundestag, les groupes parlementaires allemands n’étaient pas allés aussi loin que M. Gauck, se contentant d’établir un lien entre le massacre des Arméniens et les « génocides » du XXe siècle. L’initiative avait obtenu le soutien du gouvernement allemand, après d’âpres débats. Le Parlement autrichien a suscité mercredi la colère d’Ankara en reconnaissant le génocide arménien, une première dans ce pays allié, comme l’Allemagne, à l’empire ottoman durant la Première guerre mondiale.

La Turquie a réagi en rappelant pour consultation son ambassadeur en Autriche. Ankara avait déjà été très irrité par des déclarations du pape François, qui a parlé pour la première fois du « génocide » des Arméniens, et par le Parlement européen qui a demandé aux Turcs de reconnaître le génocide.

Evitant de stigmatiser la Turquie, M. Gauck, un ancien pasteur de RDA, a insisté sur les responsabilités allemandes, dans son discours prononcé lors d’une cérémonie oecuménique dans la cathédrale protestante de Berlin. Des militaires allemands « ont participé à la planification et pour une part à la mise en place des déportations » d’Arméniens, a-t-il relevé. « Des informations d’observateurs et de diplomates allemands qui ont clairement établi la volonté d’extermination contre les Arméniens ont été ignorées » car le Reich allemand, allié à l’empire ottoman, « ne voulait pas compromettre ses relations » avec lui.

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