Barack Obama © AFP

Le plaidoyer d’Obama pour Clinton: « Vous m’aimez? Votez pour elle! »

Comment transférer l’enthousiasme que l’on suscite vers quelqu’un d’autre ? Barack Obama intensifie ses efforts pour qu’Hillary Clinton lui succède à la Maison Blanche avec un message qui pourrait se résumer à une formule: Faites-le pour moi.

Fort d’une cote de popularité de fin de mandat à faire pâlir nombre de dirigeants sur le départ à travers le monde (54% selon la dernière moyenne hebdomadaire de Gallup), le président démocrate de 55 ans sillonne, dans la dernière ligne droite avant le scrutin du 8 novembre, les Etats les plus indécis.

Sur la semaine à venir, il aura peu l’occasion de se pencher sur d’épineux dossiers dans le Bureau ovale: ses journées seront presque exclusivement consacrées à pousser la candidature de son ancienne secrétaire d’Etat. Après Columbus (Ohio) mardi, il devait se rendre mercredi à Raleigh (Caroline du Nord), jeudi à Miami puis Jacksonville (Floride), vendredi à Charlotte (Caroline du Nord).

A chaque fois, bien sûr, il faut s’attendre à une avalanche de compliments pour « Hillary » (« Il n’y a jamais eu un homme ou une femme qui soit aussi qualifié pour ce poste, jamais! « ) et un lot de flèches soigneusement aiguisées contre son rival républicain Donald Trump (« Il dit qu’il sera son propre conseiller car il a un cerveau bien fait. Mais qui parle comme ça? Allons! Allons! « ).

Mais Barack Obama, conscient que la candidate démocrate ne suscite pas un enthousiasme débordant, utilise aussi régulièrement une note plus personnelle, liant l’avenir politique d' »Hillary » à son propre destin.

« Je vous demande de faire pour Hillary Clinton ce que vous avez fait pour moi », lançait le président démocrate fin juillet lors de la convention démocrate à Philadelphie.

Quelques semaines plus tard, le premier président noir de l’histoire allait plus loin, sommant la communauté afro-américaine de se mobiliser pour son ancienne secrétaire d’Etat, affirmant qu’il prendrait « comme une insulte personnelle » un manque de mobilisation de leur part.

L’électorat noir est traditionnellement très favorable aux démocrates (plus de 90% d’entre eux ont voté pour Barack Obama). La question cruciale pour Hillary Clinton, 69 ans, est de savoir si elle pourra s’approcher des taux de participation record enregistrés par Barack Obama en 2008 et 2012 avec cette partie de l’électorat.

Mercredi matin, le président américain a enfoncé le clou lors d’un entretien dans le Tom Joyner Morning Show, émission de radio à l’audience largement afro-américaine.

S’appuyant sur les chiffres issus du vote anticipé, qui a débuté il y a plusieurs semaines dans nombre d’Etats, il a appelé au sursaut. « Je vais être honnête avec vous: le vote latino est en hausse. Mais, à ce stade, le vote afro-américain n’est pas aussi robuste qu’il devrait l’être ».

Si plusieurs présidents se sont investis dans la campagne du candidat de leur parti, difficile de trouver un équivalent dans l’histoire politique américaine récente où le sortant est allé aussi loin.

« Dwight Eisenhower avait insisté sur la continuité que représenterait Richard Nixon lors de l’élection de 1960 et Ronald Reagan a fait de même avec George H.W. Bush en 1988, mais aucun président n’a jamais joué une carte aussi personnelle dans son argumentaire », souligne Larry Sabato, de l’Université de Virginie.

Mardi soir, face à une foule jeune et compacte réunie à Capital University, à Columbus, Barack Obama a exhorté la coalition qui l’avait porté au pouvoir à « travailler dur » pour Hillary Clinton comme elle avait travaillé pour lui.

« Elle a fait de moi un meilleur président », a-t-il encore dit, chemise blanche, manches retroussées, visiblement ravi de goûter pour quelques jours encore à cette ambiance de campagne qui ne sera bientôt plus pour lui qu’un souvenir.

« Je vous demande simplement ce que je vous avais demandé il y a huit ans. Je vous demande de croire en votre capacité à provoquer le changement », a-t-il conclu, avant de scander, dans une allusion à sa campagne victorieuse et historique de 2008: « Choisissez l’espoir! Choisissez l’espoir! « .

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