Le pape François © REUTERS

Le pape va canoniser quatre religieuses et crée 20 nouveaux cardinaux

Le pape François a annoncé samedi à la fin du Consistoire qu’il canoniserait le 17 mai prochain quatre religieuses du XIXè siècle, dont la Française Jeanne Emilie de Villeneuve (1811-1854) et deux soeurs palestiniennes.

Née à Toulouse, la religieuse française a fondé, en 1836, la congrégation de Notre-Dame de l’Immaculée conception de Castres (sud-est de la France). Cette congrégation compte quelque 700 religieuses et oeuvre dans 16 pays, où elle a une ample activité sociale avec une cinquantaine de collèges dans lesquels sont inscrits chaque année environ 35.000 jeunes.

Les trois autres futures saintes sont deux religieuses palestiniennes – Mariam Bawardi (1846-1878) et Marie-Alphonsine Ghattas (1843-1927) – et l’Italienne Maria Cristina dell’Immacolata (1856-1906).

Mariam Bawardi est née en 1846 dans le village d’Ibillin en Galilée, près de Nazareth. Entrée au carmel en France, elle sera plus tard la fondatrice du carmel de Bethléem.

Marie-Alphonsine Danil Ghattas est née à Jérusalem. Elle est cofondatrice de la Congrégation des soeurs du rosaire vouée au travail pastoral puis à l’aide des personnes âgées et des jeunes enfants.

La Napolitaine Maria Cristina dell’Immacolata avait fondé la Congrégation des soeurs victimes expiatrices de Jésus-Sacrement, qui a donné naissance à de nombreux couvents féminins, pensionnats de jeunes filles, orphelinats et écoles.

20 nouveaux cardinaux

Le pape François a créé samedi vingt nouveaux cardinaux venus des cinq continents, des hommes engagés pour la justice sociale, confirmant aussi le tournant pris par une Eglise où les Européens n’ont plus la majorité absolue.

Dans la basilique Saint-Pierre, avant de poser la barrette (chapeau rouge à quatre côtés) sur la tête de chaque cardinal à genoux devant lui, Jorge Bergoglio les a appelés à tenir bon dans leur société, avec « une ferme dénonciation de l’injustice et un service joyeux de la vérité ».

François leur a aussi demandé d’être « attentifs aux situations particulières » des personnes en difficulté. « Aimez ce qui est grand sans négliger ce qui est petit », a-t-il recommandé à ces hommes qu’il a choisis et qui sont censé former l’élite de l’Eglise. En devenant cardinaux, ils s’engagent là où ils sont à aider le pape en sacrifiant jusqu’à leur vie (d’où la couleur rouge de leur habit).

Le pape émérite Benoît XVI, qui avait démissionné il y a deux ans, était présent au premier rang, tout de blanc vêtu, et a été salué chaleureusement par son successeur argentin.

Dans sa sélection, François, qui avait énoncé durement en décembre 15 « maladies » menaçant les responsables dans l’Eglise (intrigues, corruption, détachement de la réalité…), n’a choisi qu’un homme de la Curie (gouvernement central), en la personne de l’ancien « ministre » des Affaires étrangères, le Français Dominique Mamberti.

François a appelé les nouveaux promus à « ne pas se gonfler d’orgueil » et « se libérer du risque mortel de la colère entretenue, couvée à l’intérieur ». Il les a mis en garde contre le piège d’une attitude « autocentrée ». « Celui qui est autocentré cherche inévitablement son propre inérêt; cela lui semble normal, presque un dû ».

Après ce second consistoire de Jorge Bergoglio, le collège cardinalice compte 227 membres, dont 125 cardinaux électeurs. Et l’élite de l’Eglise s’internationalise toujours plus. Les cardinaux électeurs provenant du continent européen ne seront plus majoritaires : 57 cardinaux électeurs sur 125, soit 45 %. 18 proviennent d’Amérique du Nord (Mexique compris), 18 d’Amérique latine, 15 d’Afrique, 14 d’Asie et trois d’Océanie.

Le pape François a conféré la pourpre cardinalice à des « pasteurs », des hommes de terrain, souvent courageux, des « périphéries » de l’Eglise. Pour la première fois, les îles Tonga, en la personne de Soane Patita Paini Mafi, 53 ans, plus jeune cardinal du Sacré collège, mais aussi le Cap-Vert, la Birmanie et le Panama, auront un cardinal.

Déjà en février 2014, lors de son premier consistoire, l’accent avait été mis par le pape argentin sur les « périphéries » par rapport au centre: la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, Haïti, Sainte-Lucie, Cotabato aux Philippines avaient été récompensés.

Des promus qui prennent des risques

En choisissant Francesco Montenegro, 68 ans, archevêque du diocèse sicilien d’Agrigente et donc de l’île de Lampedusa, homme très engagé pour les droits des migrants traversant la Méditerranée, il réaffirme sa priorité contre la traite des êtres humains.

En choisissant Mgr Paini Mafi des îles Tonga, il marque sa priorité pour l’environnement. « J’espère que je pourrai aider le pape » sur la question de l’environnement, a affirmé à l’agence I.MEDIA ce jeune cardinal, rappelant que les Tonga « sont de toutes petites îles menacées par des saisons d’ouragan ».

Le pape François va publier au début de l’été une encyclique très attendue sur l’écologie. François n’a nommé aucun Américain du Nord et a rompu avec la tradition qui voulait que certains responsables de Curie ou certains titulaires d’archevêchés prestigieux comme Venise soient automatiquement promus. Il préfère choisir des évêques qui prennent des risques, s’engageant pour la paix comme l’a fait au Mozambique Júlio Duarte Langa, archevêque émérite de Xai-Xai, ou Charles Maung Bo, archevêque de Rangoon.

De même il a choisi Alberto Suarez Inda, archevêque de Morelia, qui travaille pour la pacification du nord du Mexique ravagé par la guerre interne du trafic de drogue.

A l’étonnement de beaucoup, il retient des pays où les catholiques sont ultra-minoritaires comme la Birmanie ou les îles Tonga. Il manifeste ainsi, selon une optique missionnaire jésuite, que toutes les cultures doivent être entendues dans l’Eglise.

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