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Le pape et ses super-confesseurs

Le Vif

Le pape François envoie mercredi à travers le monde un millier de « missionnaires de la miséricorde », des super-confesseurs chargés de récupérer les brebis que l’Eglise a égarées avec des messages de condamnation un peu trop forts.

Au total, ils sont 1.142 prêtres et religieux du monde entier, qui en plus de leur ministère habituel, seront chargés pendant cette année sainte, celle du jubilé de la miséricorde, de prêcher le pardon et de confesser les fidèles.

Ils auront pour cela l’autorité d’absoudre des péchés relevant d’ordinaire du Saint-Siège, comme l’apostasie, la profanation de l’eucharistie, les attaques contre le pape, mais aussi — même si de nombreux prêtres sont déjà habilités à l’absoudre — l’avortement.

« Cela a une symbolique très forte », explique Marcello Ghirlando, franciscain maltais de 53 ans au sourire chaleureux. « Dieu va toujours nous pardonner, si on se tourne vers lui avec un coeur propre, repentant », assure-t-il.

« Nous ne disons pas +l’avortement c’est cool, tout le monde doit le faire+. Tuer une personne humaine reste un péché. Mais nous essayons de faire preuve de miséricorde et de compassion et de tendre la main à ceux qui ont été éloignés à cause d’un avortement », précise Thembalethu Mana, prêtre sudafricain de 39 ans.

Pour le pape François, c’est d’abord la démarche qui doit changer. En finir avec les confesseurs « rigides » qui condamnent les fidèles du regard ou les bombardent de questions trahissant avant tout une « curiosité » malsaine.

Dans la confession, « vous êtes appelés à exprimer la maternité de l’Eglise », a expliqué le pontife argentin en recevant mardi soir quelque 700 de ses « missionnaires de la miséricorde », qui doivent être officiellement envoyés lors de la célébration des cendres — marquant l’entrée dans le carême — mercredi en fin d’après-midi.

« N’oubliez pas, face à nous ce n’est pas le péché mais un pécheur repenti, un pécheur qui voudrait bien ne plus l’être mais qui n’y arrive pas », a-t-il insisté en invitant ses super-confesseurs à « couvrir le pécheur d’une couverture de miséricorde, pour qu’il n’ait plus honte et qu’il puisse retrouver la joie ».

‘Une opportunité pour revenir’

Joseph Hlubik, prêtre américain de 62 ans, espère lui aussi que des prêtres, religieux et laïcs ayant quitté l’Eglise ces dernières décennies « voient cela comme une opportunité pour revenir. Des personnes qui pensaient qu’elles étaient hors de la grâce de Dieu pour une raison ou une autre. Qu’ils nous trouvent approchables et compréhensifs ».

Certains des « missionnaires de la miséricorde » ont pris des initiatives originales: l’un d’eux se rendra ainsi au Canada arctique auprès des Esquimaux, un autre sillonnera l’Australie en camping-car, d’autres se rendront en Chine, au Liban ou encore au Burundi.

Mais la plupart oeuvreront d’abord dans leur pays ou même juste dans leur diocèse, intervenant çà et là à la demande de leur évêques.

Xavier Lefebvre, 49 ans, restera ainsi principalement dans sa paroisse de Saint Louis d’Antin à Paris, et ne se voit pas vraiment comme un « super-confesseur ».

« C’est toujours une joie d’être un confesseur et d’avoir cette confiance du pape dans ce ministère, et en même temps, il faudrait que tous les prêtres soient des super-confesseurs », insiste-t-il.

Cependant, cette grâce n’est pas forcément donnée à tout le monde, a rappelé le pape, en mettant en garde contre les blessures profondes que peuvent infliger les prêtres maladroits quand les fidèles viennent ouvrir leur coeur dans un confessionnal.

« Que ceux qui ne se sentent pas de le faire aient l’humilité de dire: +Non, moi je célèbre la messe, je nettoie par terre, je fais tout mais je ne confesse pas, parce que je ne sais pas le faire bien », a-t-il lancé.

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