Charles Michel © BELGA

Le pacte mondial sur les migrations de l’ONU formellement approuvé à Marrakech

Le Vif

Le Pacte mondial sur les migrations des Nations unies a été formellement approuvé lundi à Marrakech (Maroc), après proclamation orale et avec le traditionnel coup de marteau, devant quelques 150 pays réunis en conférence intergouvernementa

Le Pacte mondial des Nations unies sur les migrations a été formellement approuvé lundi à Marrakech (Maroc), après la proclamation orale et le traditionnel coup de marteau, devant quelques 150 pays réunis en conférence intergouvernementale. La Belgique est représentée par le Premier ministre Charles Michel, arrivé vers 9h00 dans la capitale marocaine.

Soulignant les « efforts » consentis pour parvenir à ce pacte, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a exhorté à ne « pas succomber à la peur ou aux faux narratifs » sur la migration. S’exprimant à l’ouverture des débats, il a dénoncé les « nombreux mensonges » à propos d’un texte qui a soulevé les critiques des nationalistes et des partisans de la fermeture des frontières. Ce texte, destiné à renforcer la coopération internationale pour une « migration sûre, ordonnée et régulière », doit encore faire l’objet d’un ultime vote de ratification le 19 décembre à l’Assemblée générale des Nations unies. La conférence de Marrakech devait être une étape purement formelle dans ce processus mais, le sujet déchaînant les passions, une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision sur le pacte.

Le gouvernement belge s’est déchiré sur la question pendant plusieurs semaines, avant que la N-VA ne quitte la majorité. La Belgique se retrouve à présent avec un gouvernement minoritaire « orange-bleu » toujours dirigé par M. Michel. Près de 160 des 193 pays représentés à l’ONU étaient annoncés à Marrakech, avec une centaine d’entre eux représentés au niveau des chefs d’État, chefs de gouvernements ou ministres.

Lundi matin, il était encore impossible de connaître dans le détail les présents et les absents sans liste officielle. Non contraignant, le Pacte recense des principes -défense des droits de l’Homme, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale- et liste des propositions pour aider les pays à faire face aux migrations -échanges d’information et d’expertises, intégration des migrants… Il interdit les détentions arbitraires, n’autorisant les arrestations qu’en dernier recours. Les défenseurs des droits de l’Homme le trouvent insuffisant, notamment sur l’accès des migrants à l’aide humanitaire et aux services de base ou sur les droits des travailleurs migrants. Ses détracteurs le voient comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé.

La chancelière allemande Angela Merkel notamment prendra la parole devant l’assemblée dans la matinée. Charles Michel doit également s’y exprimer entre 11h00 et 11h30.

Que contient le Pacte sur les Migrations?

La sensibilité du sujet a poussé plusieurs pays dans le monde à renier leurs engagements en faveur de ce texte pourtant « juridiquement non contraignant ».

COOPERATION ET SOUVERAINETE

D’environ 40 pages, le Pacte « favorise la coopération internationale en matière de migration entre tous les acteurs compétents, sachant qu’aucun État ne peut gérer seul la question des migrations ». Il « respecte la souveraineté des États et les obligations que leur fait le droit international ».

« Les migrations ont indéniablement des répercussions très différentes et parfois imprévisibles sur nos pays ainsi que sur les communautés et les migrants et leur famille ». Mais « il est crucial que nous ne nous laissions pas diviser et que nous restions unis face aux difficultés que posent les migrations internationales et aux occasions qu’elles offrent ».

« Les migrations font partie intégrante de la mondialisation, reliant entre elles les sociétés d’une même région et d’une région à l’autre et faisant de nous tous des pays d’origine, de transit et de destination », affirme aussi le document.

OBJECTIFS DU PACTE

« Grâce à cette démarche globale, nous comptons faciliter des migrations sûres, ordonnées et régulières, tout en réduisant l’incidence et les répercussions négatives de la migration irrégulière grâce à la coopération internationale et à l’ensemble de mesures proposé dans le présent Pacte mondial ».

« La migration ne devrait jamais être un acte désespéré. Lorsque c’est le cas, nous devons coopérer en vue de répondre aux besoins des migrants en situation de vulnérabilité et de résoudre les problèmes qui se posent. Nous devons oeuvrer de concert pour créer des conditions qui permettent aux communautés et aux individus de vivre en sécurité et dans la dignité dans leur propre pays ».

Le Pacte détaille 23 objectifs. Parmi eux: « lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d’origine », « sauver des vies », « renforcer l’action transnationale face au trafic de migrants », « ne recourir au placement en rétention administrative des migrants qu’en dernier ressort », ou « assurer l’accès des migrants aux services de base ».

MISE EN OEUVRE

« Nous mettrons en oeuvre le Pacte mondial en coopérant aux niveaux bilatéral, régional et multilatéral et en donnant un nouveau souffle au partenariat mondial, dans un esprit de solidarité », indique le texte.

« Nous décidons, en nous inspirant des initiatives existantes, de créer un mécanisme de renforcement des capacités au sein du système des Nations unies, dont le rôle sera d’appuyer les efforts déployés par les États membres pour mettre en oeuvre le Pacte mondial ».

Les signataires s’engagent aussi à créer « une plateforme mondiale de connaissances qui servira de source publique de données en ligne » sur les migrations, ainsi qu’un « réseau des Nations unies consacré aux migrations » confié à l’Organisation internationale pour les migrations.

AFP

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire