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Le modèle éducatif suédois : la fin du mythe

Stagiaire Le Vif

Alors que la Suède est réputée pour son système scolaire et le bien-être de ses enfants, un rapport de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) tire la sonnette d’alarme.

Le système scolaire de la Suède, modèle en la matière, ne serait plus aussi performant qu’auparavant. En effet, le pays affiche aujourd’hui un des plus forts reculs dans le classement international quant à la qualité de l’enseignement. L’OCDE recommande dès lors fortement au pays de mettre en place une réforme complète de son éducation nationale. Comment un système éducatif loué de tous peut-il se dégrader si brutalement ?

Les résultats du programme international d’évaluation PISA des élèves suédois ont fortement chuté, « passant de la moyenne des 33 pays de l’organisation en 2000 à un niveau nettement inférieur à la moyenne en 2012 ». Aucun autre pays participant au PISA n’a connu une chute aussi importante que la Suède durant la même période : elle se classe en 28e position en mathématiques, 27e en compréhension de l’écrit et 27e en sciences parmi les 34 pays qui ont participé à l’enquête. D’après le rapport, les élèves suédois sont aussi plus susceptibles d’arriver en retard en classe que dans n’importe quel autre pays membre.

Un cercle vicieux

Selon Andreas Schleicher, patron de la direction de l’éducation à l’OCDE, cette dégringolade peut être assimilée à un cercle vicieux. Alors que le pays est reconnu de tous comme étant l’un des meilleurs modèles d’éducation au monde, il a également toujours misé sur les enfants en politique. Déjà en 1974, le pays était le premier à instaurer un congé parental. Il est d’ailleurs aujourd’hui l’un des plus avantageux tant en termes de temps accordé que de rémunération.

Pourtant, cette politique centrée sur les bambins et le manque de sévérité des parents a, selon le psychiatre David Eberhard, fait d’eux des enfants-rois instables, prétentieux, aux tendances dépressives. Dans son essai « Comment les enfants ont pris le pouvoir » publié en 2012, il explique comment les enfants suédois ont pris le contrôle sur la vie de leur famille : heure du coucher, menu des repas, lieu de vacances… C’est également le point de vue de Judith Woods, journaliste au Telegraph, qui pense que la Suède est en train de former « une génération de petits cons ».

Les louanges accordées au système éducatif suédois n’ont rien arrangé. Les écoles du pays ont commencé à entrer en compétition entre elles. Il ne s’agit pas d’une concurrence au bénéfice de l’éducation, mais plutôt une bataille livrée entre institutions afin de déterminer laquelle fournira les bâtiments les plus clinquants, munis de la technologie la plus développée.

Une autre répercussion de la politique d’éducation est que le métier d’enseignant ne serait plus attractif. Les écoles publiques étant gérées par les pouvoirs publics locaux, il existerait de grandes disparités entre les écoles. Les enseignants n’auraient plus la cote et « seuls 5 % d’entre eux estiment que leur travail jouit d’une bonne image au sein de la société », explique le psychologue. L’OCDE recommande d’augmenter leur salaire, de leur donner une meilleure formation.

Le rapport de l’OCDE pointe également du doigt les inégalités croissantes au coeur des écoles, 48 % des élèves immigrés n’atteignant pas le niveau demandé en mathématiques. L’OCDE conseille à la Suède de modifier son système de libre choix « afin de contrer le risque de ségrégation sociale », entendez par là : restreindre la possibilité des parents de choisir l’école de leurs enfants. Cela permettrait, selon l’OCDE, « d’assurer une distribution plus variée des élèves dans les écoles ».

Le gouvernement suédois semble avoir accueilli positivement le panel de remarques. Le ministre de l’Éducation du pays, Gustav Fridolin, assure qu’elles seront intégrées à la nouvelle réforme. Car la nouvelle coalition entre sociaux-démocrates et Verts a déjà lancé un vaste programme de révision du système scolaire, qui devrait être mis en application dès 2016.

L.V.

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