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Le Kirghizstan en ébullition

L’opposition de l’ancienne république soviétique s’est emparée du pouvoir kirghize, poussant le Premier ministre à la démission et le président à la fuite.

Le gouvernement par intérim porté au pouvoir par un soulèvement au Kirghizstan a promis jeudi l’organisation d’une élection présidentielle dans les six mois. Lors d’une conférence de presse, la chef du gouvernement par intérim installé à l’issue du soulèvement qui a fait de 68 à 100 morts mercredi selon les sources, Rosa Otounbaïeva, a également annoncé que le parlement allait être dissous. « Le pouvoir est sous le contrôle du gouvernement provisoire. Cette construction du système politique va fonctionner durant six mois pour préparer une nouvelle Constitution et organiser la tenue d’une élection présidentielle conforme à toutes les règles démocratiques », a-t-elle déclaré à la presse.

L’ancienne ministre des Affaires étrangères a promis que son gouvernement ne répéterait pas les erreurs de M. Bakiev, porté au pouvoir par une révolution en 2005, mais lâché rapidement par ses propres partisans, accusé de dérive autoritaire, fraude électorale, et de distribuer prébendes et postes à responsabilités aux membres de sa famille.

L’ex-république soviétique d’Asie centrale, qui abrite une base aérienne clé pour les opérations américaines en Afghanistan, était plongée dans des crises politiques à répétition. « Le président Bakiev tente de rassembler ses partisans dans le sud du pays pour continuer de défendre ses positions », alors que « l’opposition insiste pour qu’il remette sa démission », a par ailleurs assuré Mme Otounbaïeva. « D’après nos informations, il se trouve à Djalal-Abad », sa ville natale.

Les proches de M. Bakiev, 60 ans, étaient injoignables pour commenter ces allégations, mais de nombreux médias du Kirghizstan, du Kazakhstan et de Russie le disent aussi dans le sud du pays, son bastion.

Le Kirghizstan est traditionnellement divisé entre la population du nord, réputée plus riche et plus urbaine, et celle du sud, plus rurale et traditionnelle.

Des bases militaires russe et américaine

Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a offert l’aide de la Russie, au cours d’une conversation téléphonique avec Mme Otounbaïeva, a indiqué jeudi le porte-parole du chef de gouvernement russe. La veille, le président russe Dmitri Medvedev, dont le pays dispose aussi d’une base militaire au Kirghizstan, avait qualifié la révolte « d’affaire interne », qui montre « l’extrême colère des gens ordinaires contre le régime ».

Mme Otounbaïeva a tenté de rassurer les Etats-Unis en assurant que le fonctionnement de la base militaire américaine de Manas, près de Bichkek, par laquelle transitent la plupart de leurs soldats déployés en Afghanistan, n’était pas compromis. « Rien ne va changer » concernant l’accord sur cette base signé par M. Bakiev et les Etats-Unis, a-t-elle assuré.

Appel au calme

Dans une déclaration à la radio diffusée plus tôt, Mme Otounbaïeva avait appelé la population au calme: « Nous vous demandons de ne pas céder aux provocations ou de détruire la propriété de citoyens ordinaires. Certains d’entre nous ont été tués ou blessés, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider ».

L’opposition à M. Bakiev avait pris mercredi le contrôle des centres névralgiques du pouvoir, après une journée de violences entre manifestants et forces de l’ordre qui ont fait, selon le ministère de la Santé, au moins 68 morts. Un dirigeant de l’opposition, Omourbek Tekebaïev a avancé le chiffre de 100 victimes. Le siège du gouvernement et de la présidence ont été saccagés. Des centaines de personnes s’y trouvaient encore jeudi après-midi, pillant les locaux et jetant les dossiers par les fenêtres brisées de l’immeuble.

M. Bakiev était lui-même arrivé au pouvoir en mars 2005 à l’issue d’une révolution émaillée de violences, promettant de démocratiser le pays et de mettre fin à la corruption.

LeVif.be, avec Belga

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