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Le journal du confident d’Hitler, Alfred Rosenberg, refait surface aux USA

Le Vif

Les carnets d’Alfred Rosenberg, criminel de guerre nazi et confident d’Hitler, ont refait surface aux Etats-Unis, couvrant l’essentiel de l’ère hitlérienne, de 1934 à la « Solution finale », méthode programmée de l’extermination des juifs.

Le journal personnel de ce cerveau de l’antisémitisme avait disparu après son jugement au procès de Nuremberg, où il avait servi d’élément de preuves, et son exécution en 1946. Il a été présenté jeudi lors d’une conférence de presse à Wilmington, dans le Delaware.

En novembre dernier, les autorités de cet Etat ont reçu une information de la part d’un expert en arts travaillant avec le musée de l’Holocauste à Washington. « Le journal de Rosenberg a ensuite pu être localisé et saisi grâce à un mandat du tribunal du district du Delaware », ont déclaré les services américains des douanes et de l’immigration (ICE), dans les locaux desquels était exposé jeudi le journal de 400 pages, dont des notes écrites à la main entre 1934 et 1944.

« Posséder des textes qui documentent les actes à la fois des criminels et des victimes est crucial pour aider les chercheurs à comprendre pourquoi et comment l’Holocauste s’est produit », a souligné Sara Bloomfield, directrice du musée de l’Holocauste à Washington, qui renferme parmi l’une des plus grandes collections d’archives sur cette période.

Les carnets de Rosenberg, l’un des hauts dignitaires nazis condamnés pour crime contre l’humanité à Nuremberg, s’étaient volatilisés après ce procès historique.

Selon l’ICE, ils avaient en fait été récupérés « à l’encontre de la loi » par Robert Kempner, un avocat allemand et juif mandaté, parmi d’autres, pour poursuivre en justice les criminels de guerre à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Kempner, qui s’était enfui pour les Etats-Unis pendant la guerre, les a gardés en sa possession jusqu’à sa mort en 1993.

Leur contenu devrait offrir un nouvel aperçu des rencontres et discussions entre le protagoniste et d’autres responsables du régime nazi, notamment Hermann Göring, commandant de l’armée de l’air allemande, et Heinrich Himmler, théoricien de la Solution finale, responsable de l’exécution d’environ six millions de personnes.

Leur découverte montre, selon Sara Bloomfield, « combien de choses restent encore à être collectées » par les historiens. Les carnets d’Alfred Rosenberg pourraient même, selon le Musée de musée de l’Holocauste, « contredire » certaines vérités jusque-là établies.

Rosenberg est né, comme Göring, le 12 janvier 1893, et a été pendu le 16 octobre 1946 (Göring lui s’est suicidé la veille). Le premier, auteur du « Mythe du vingtième siècle » et considéré comme personnage-clé dans l’essor des idées sur la supériorité de la « race » germanique, aurait introduit le second à ces théories, en l’invitant notamment à un discours d’Hitler au début des années 1920. Rosenberg dirigeait le département des affaires étrangères du IIIe Reich et supervisait aussi le journal du parti nazi.

Dans ses carnets, d’après l’analyse préliminaire qui en a été faite par le musée, Rosenberg, natif de ce qui est aujourd’hui l’Estonie, évoque aussi l’occupation allemande de l’Union soviétique ainsi que le pillage des oeuvres d’art juives et la destruction des oeuvres considérées comme « dégénérées », tâche dont il était chargé.

Des éléments ressortent aussi sur les tensions qui ont petit à petit percé à la tête du Reich, notamment entre les principaux bras droits d’Hitler.

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