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Le Japon relance ses centrales nucléaires

Stagiaire Le Vif

Trois ans après Fukushima, le projet « zéro nucléaire » est abandonné. Les centrales les plus sûres seront remises en route prochainement.

Le gouvernement japonais a adopté un nouveau plan énergétique qui consacre l’énergie atomique comme une « source importante d’électricité ». Après plusieurs mois de négociations, le premier ministre Shinzo Abe a convaincu ses ministres les plus sceptiques d’abandonner le projet « zéro nucléaire ». Celui-ci avait été adopté suite à la catastrophe de Fukushima en 2011 par le précédent gouvernement.

Réouverture à moyen terme

Les centrales jugées les plus sûres par l’autorité de régulation du nucléaire seront remises en marche à moyen terme. En juillet, quatre compagnies avaient déposé des demandes pour redémarrer douze réacteurs. Ces dossiers sont en train d’être examinés. S’ils sont acceptés, ils devront encore recevoir l’accord des autorités locales, qui sont toujours très réticentes à l’idée de relancer les centrales.

Le gouvernement n’a pas précisé quelle importance aurait l’énergie atomique dans la production d’électricité du pays. Avant l’accident de Fukushima, les centrales nucléaires produisaient entre un quart et un tiers de l’électricité du pays. Selon les plans prévus à l’époque, cette proportion devait atteindre les 50 % à l’horizon 2030. Ces objectifs sont aujourd’hui caducs. Le séisme du 11 mars 2011 a dévasté la centrale nucléaire de Fukushima et provoqué la plus grave catastrophe nucléaire au monde depuis Tchernobyl en 1986.

Le secteur nucléaire japonais moribond

La décision du gouvernement ne sera peut-être pas suffisante pour sauver le secteur nucléaire du pays, moribond depuis la catastrophe. Le secteur accuse des pertes d’environ 35 milliards d’euros et 48 réacteurs nucléaires sont actuellement à l’arrêt. Selon une récente analyse de Reuters, les coûts de mise à niveau en matière de sécurité pourraient être trop élevés pour les deux tiers de ces réacteurs. Ils pourraient alors ne pas être relancés.

Aujourd’hui, l’essentiel de l’électricité japonaise est produite par des centrales thermiques qui fonctionnent au gaz naturel, au charbon ou au pétrole. Mais ces carburants importés coûtent une fortune aux sociétés régionales et mettent à mal l’économie du pays.

Un compromis entre énergies renouvelables et nucléaire

Face aux conséquences de la catastrophe de 2011, le précédent gouvernement de centre gauche avait décidé d’abandonner le nucléaire d’ici 2040. Shinzo Abe et ses ministres ont donc tiré un trait sur ce plan. Les réacteurs nucléaires les plus sûrs seront relancés pour réduire les coûts de production de l’électricité. Pourtant, une grande partie de la population reste réticente et souhaite toujours se défaire de l’énergie atomique.

Pour rassurer l’opinion publique, Shinzo Abe s’est aussi engagé à ce que 13,5 % de l’électricité soit produite à partir de sources renouvelables d’ici 2020. « Dans ce plan, il est clair que nous réduirons notre dépendance à l’électricité nucléaire par des mesures variées », a déclaré le ministre japonais de l’industrie. Reste à voir dans quelles mesures ces promesses seront tenues.

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