Le deuxième plus gros du marché du darknet démantelé

Le Vif

Avec ses photos et l’avis des acheteurs, la plate-forme ressemblait à n’importe quel site de vente en ligne, sauf qu’elle proposait des drogues, des faux documents ou des logiciels malveillants. Après deux ans d’une vaste enquête internationale, le « deuxième plus gros marché » darknet au monde a été fermé et cinq personnes placées sous les verrous.

Trois administrateurs présumés de la plate-forme, âgés de 22 à 31 ans, ont été interpellées à la fin avril dans l’ouest de l’Allemagne, a annoncé vendredi le parquet général de Hesse.

Il s’agit de Tibo Lousee, Jonathan Kalla et Klaus-Martin Frost, des ressortissants allemands qui font également l’objet de poursuites aux Etats-Unis, a ajouté le ministère américain de la Justice.

Deux vendeurs présumés de drogue, qui opéraient depuis la Californie sous les pseudo LadySkyWalker et Platinum45, ont également été arrêtés aux Etats-Unis.

Tous sont liés à « Wall street Market », une plateforme du darknet — la partie obscure du web non référencée par les moteurs de recherche — ouverte en octobre 2016, où pouvaient être achetés toutes sortes de drogues – cocaïne, héroïne, cannabis -, des documents contrefaits, des données personnelles ou des virus informatiques.

Le marché avait beaucoup grossi et comptait plus de 63.000 offres de ventes, environ 5.400 vendeurs et 1,15 million de comptes clients.

Les acheteurs payaient avec les monnaies virtuelles bitcoin et monero. Les trois responsables présumés de la plateforme sont soupçonnés d’avoir perçu des commissions entre 2 et 6% sur chaque vente.

Le site, accessible via le logiciel Tor qui permet de dissimuler les adresses IP des ordinateurs, était disponible en six langues (anglais, allemand, français, portugais et italien).

« Wall Street Market fonctionnait comme un site de vente en ligne traditionnel, du style d’eBay ou Amazon, mais sa seule existence visait à permettre le trafic de produits de contrebande », selon un document judiciaire américain.

Une de ses pages, reproduite dans ce document, fait apparaître les catégories « drogues », « bijoux et or », « fraude », « logiciels malveillants », « équipements de faussaires »… Chaque produit a une notice de présentation avec une photo, un nom et une note, de zéro à cinq étoiles, laissée par les acheteurs précédents.

– Escroquerie de sortie –

La « popularité » de Wall Street Market avait, selon la justice américaine, augmenté après la disparition le 25 mars d’un concurrent, attirant de nouveaux clients et vendeurs.

Ses administrateurs avaient alors lancé une « escroquerie de sortie » (exit scam), transférant vers leurs comptes personnels environ 11 millions de dollars bloqués sur la plate-forme. Ces fonds correspondaient à des sommes versées par les acheteurs et qui auraient dû être transférées aux vendeurs une fois la livraison effectuée.

Ce type d’arnaque est fréquente sur le darknet, et les enquêteurs américains soupçonnent les administrateurs de Wall Street Market d’avoir fait disparaître une précédente plateforme « German Plaza Market » de cette manière en 2016.

Leurs arrestations ont été menées au terme d’enquêtes conjointes des services de police allemands, américains et néerlandais, ainsi que par Europol, l’agence européenne de coopération entre les polices criminelles.

« L’opération envoie un message très clair: les marchés du darknet ne sont plus un havre protégé », a commenté un haut responsable judiciaire américain, Brian Benczkowski.

Au cours de perquisitions dans les appartements des suspects, des sommes d’argent liquide de plus de 550.000 euros, ainsi que de fortes sommes en monnaie virtuelle, ont été saisies. Des voitures et du matériel informatique ont également été récupérés, ainsi qu’une arme.

Aux Etats-Unis, ce démantèlement a permis la saisie d’avoirs de plusieurs millions d’euros.

Elle a aussi permis d’identifier un Brésilien de 29 ans, soupçonné d’avoir travaillé comme « modérateur » sur la plate-forme sous le pseudo « Med3l1n ».

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