Château-Chinon, une zone rurale du centre-est de la France. © Capture d'écran Youtube

Le « dentiste de l’horreur » devant la justice française

Le Vif

Mutilations, escroqueries, faux en écriture: le procès du Néerlandais Mark Van Nierop, surnommé le « dentiste de l’horreur » pour avoir mutilé une centaine de patients entre 2008 et 2012, s’est ouvert mardi en France.

Visage bouffi, cheveux poivre et sel, Jacobus – dit Mark – Van Nierop, 51 ans, a scruté la salle d’un regard inquiet en s’installant dans le box, avant de regarder fixement devant lui.

Profession? « dentiste », a-t-il répondu en français au président du tribunal correctionnel de Nevers (centre), Thierry Cellier.

Arrivé au palais de justice camouflé sous une couverture, le détenu n’a pas voulu être filmé ou photographié avant l’ouverture des débats.

M. Van Nierop encourt dix ans de prison et 150.000 euros d’amende. Son procès, très médiatisé, doit durer jusqu’au 18 mars.

Recruté par un chasseur de tête, Jacobus Van Nierop s’installe en 2008 à Château-Chinon, une zone rurale du centre-est de la France, où les professionnels de santé se font de plus en plus rares.

L’arrivée de cet homme jovial à la carrure de rugbyman ne passe pas inaperçue. Une ancienne voisine se souvient l’avoir vu arriver « avec un gros 4X4, un gros chien, un gros cigare ».

Dès mars 2011, l’Ordre des chirurgiens-dentistes dépose plainte pour pratiques illégales, l’épouse du praticien exerçant comme prothésiste dentaire sans diplôme. La Sécurité sociale relève de son côté des problèmes récurrents de facturation.

‘Je pissais le sang’

Et les plaintes de patients commencent à affluer.

Sylviane Boulesteix, 65 ans, retraitée, consulte le Néerlandais en mars 2012 pour la pose d’un appareil dentaire. « Il m’a fait sept ou huit piqûres, arraché huit dents d’un coup et posé l’appareil à vif. Je pissais le sang. Pendant trois jours! », raconte-t-elle.

Bernard Hugon, métallier à la retraite de 80 ans, évoque l’arrachage d’une racine avec « des bouts de chair qui pendaient partout » et un « trou énorme » laissé béant. « J’ai fait une quinzaine de visites, il en a compté 117 à la Sécurité sociale! ».

C’est également la facturation de « quinze soins » en une seule visite qui sème le « doute » chez Nicole Martin, retraitée de l’enseignement, venue consulter au départ pour la réparation d’un composite.

« Toutes les fois, il nous faisait ce qu’il appelait +un petit piqûre+ et on était endormi, lessivé, on avait la moitié de la figure endormie pendant cinq ou six heures », raconte-t-elle.

Début 2013, elle constitue un « collectif dentaire » qui recensera au total 120 victimes.

A l’ouverture du procès, elle se dit « angoissée » à l’idée d’affronter à nouveau le dentiste, mais dit « ne pas attendre d’explications » de la part de cet homme aux motivations toujours mystérieuses.

Sanctionné aux Pays-Bas

Le 7 juin 2013, le dentiste est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire. Mais le 26 décembre 2013, sa compagne signale sa disparition. En fuite au Canada, il est interpellé en septembre 2014, tentant alors de mettre fin à ses jours.

Extradé vers les Pays-Bas, M. Van Nierop « a dit avoir tué sa première femme, il a joué la folie, il a dit être transsexuel… Il a joué le tout pour le tout » pour éviter son retour en France, souligne Mme Martin.

Selon l’une des expertises psychologiques, dont un extrait a été lu à l’audience, le quinquagénaire souffre d’une « pathologie narcissique majeure », entraînant l’effacement de « tout sens moral ».

Un autre expert a toutefois souligné qu’il avait « parfaitement conscience de ses agissements ».

« Je n’étais pas en état de me mettre à la place » des patients, a affirmé le prévenu, s’exprimant tantôt en français, tantôt en néerlandais.

Aux Pays-Bas, il avait déjà fait l’objet de sanctions disciplinaires après des plaintes.

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