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Le dalaï lama appelle l’Union européenne à une « critique constructive » de la Chine

Le dalaï lama a appelé l’Union européenne à une « critique constructive » de la Chine sur le dossier tibétain, lors d’une visite jeudi à Strasbourg au Parlement européen où il a été accueilli par son président Martin Schulz.

« L’UE peut aider l’avenir de la Chine en prononçant une critique constructive, parfois nécessaire, à un moment où les dirigeants chinois, même partisans de la ligne dure, sont confrontés à une sorte de dilemme sur la façon de traiter ce problème », a expliqué le chef spirituel tibétain, qui s’exprimait devant la Commission des Affaires étrangères.

Les remarques de l’Union européenne peuvent avoir un impact sur les dirigeants chinois, « pas comme dans les années 1960 ou 1970 où ils se moquaient de ce que pensait le monde extérieur », a estimé le chef spirituel des Tibétains.

Tout en soulignant qu’il avait pris sa retraite et n’était plus chargé des dossiers politiques, le dalaï lama a exhorté les eurodéputés à parler de la question du Tibet avec les dirigeants chinois dès qu’ils en ont l’occasion et à se rendre sur place car « c’est une preuve précieuse (de soutien) pour le peuple tibétain ». « Les Chinois devraient enfin comprendre que le problème doit être résolu de façon raisonnable, car il ne va pas disparaître », a-t-il encore dit.

Le président de la Commission des Affaires étrangères, le chrétien-démocrate allemand Elmar Brok, a souligné « les pressions qui ont été exercées pour annuler cette réunion » et insisté sur le fait que « le Parlement européen a le droit de rencontrer qui il veut ».

Quelques instants plus tard, le dignitaire tibétain a de nouveau évoqué la question chinoise devant des responsables et diplomates du Conseil de l’Europe, l’organisation paneuropéenne basée à Strasbourg qui promeut la démocratie et les droits de l’Homme.

« Je vous lance un appel pour que la question du Tibet reste à l’ordre du jour », a dit Tenzin Gyatso, 81 ans, en évoquant les « six millions de Tibétains » qui « vivent dans la peur constante ». « Nous sommes heureux de rester au sein de la Chine, à condition qu’elle respecte notre culture, notre langue, nos traditions », a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs longuement disserté sur la nécessité de promouvoir une « éducation laïque basée sur des valeurs intérieures et morales », afin de mettre en place une « culture de la compassion » et ainsi de mettre fin aux violations des droits de l’Homme « motivées par la haine et la peur ».

« Un enseignement moral fondé sur la religion, par définition, ne pourra pas s’adresser à toute l’humanité », a insisté le dalaï lama, qui entend promouvoir un « sentiment d’unité pour les sept milliards d’êtres humains ».

Après ces rencontres avec les institutions européennes, le dignitaire bouddhiste – qui, comme à son habitude, a fait rire l’assistance par ses bons mots et en se coiffant d’une serviette blanche mouillée – devait ensuite donner une conférence devant 1.800 personnes, dont de nombreux jeunes, au Palais des congrès de Strasbourg.

En France depuis lundi, pour sa première visite dans ce pays depuis cinq ans, le dalaï lama n’a pas été reçu par les autorités françaises, manifestement soucieuses de ne pas froisser Pékin. Il avait auparavant passé quelques jours en Belgique.

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