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Le congé maternité à 20 semaines ?

Les eurodéputés ont proposé mercredi de porter la durée minimale du congé de maternité à 20 semaines dans l’UE et d’instaurer le principe d’un congé de paternité, marquant le début de difficiles négociations sur ce sujet qui divise l’Europe.

Le congé de maternité devrait être, selon eux, rémunéré à 100% du salaire. Les élus ont demandé que les Etats qui ne le font pas encore reconnaissent le principe d’un congé de paternité d’au moins deux semaines continues, payées selon des modalités similaires.

Actuellement, la durée minimale du congé de maternité est de 14 semaines dans l’Union européenne. De nombreux pays vont au-delà, mais les conditions d’indemnisation sont très variables d’un Etat à l’autre. De nombreux députés partisans de l’amélioration des conditions de congés de maternité et de paternité en Europe ont brandi à l’occasion du vote des ballons roses et bleus, ornés d’un visage de bébé souriant.

Aider les femmes Négociatrice du Parlement sur la question, la socialiste portugaise Edite Estrela s’est réjouie de ce vote de première lecture. « Au lieu de pénaliser les femmes parce qu’elles ont des enfants, nous devons les aider à trouver un équilibre entre la vie de famille et la vie professionnelle », a-t-elle insisté.

Jugeant ces mesures « indispensables pour la santé des mères et des bébés », l’écologiste Nicole Kiil-Nielsen reconnaît que « la balle est maintenant dans le camp des gouvernements européens » dont beaucoup, comme le Royaume-Uni ou la France, ont d’ores et déjà fait part de leur opposition.

Certains s’y opposent La secrétaire d’Etat française à la Famille, Nadine Morano, s’est ainsi dite mercredi opposée à faire passer le congé maternité de 16 à 20 semaines, ce qui aurait selon elle un coût de 1,3 milliard d’euros par an pour la France.

L’eurodéputée conservatrice française, Elisabeth Morin-Chartier, a elle aussi dénoncé une position « démagogique et irresponsable » qui rendra « plus difficile le recrutement et le retour des jeunes femmes dans les entreprises ».

Pour la libérale britannique Elizabeth Lynne, « il ne faut pas ruiner les systèmes qui fonctionnent » avec cette proposition qui « va trop loin ».

Le patronat européen, Businesseurope, juge aussi qu’elle coûtera cher « en particulier aux sociétés ». Elle « rendra l’embauche de femmes plus complexe », fait valoir son directeur général, Philippe de Buck.

Le gouvernement britannique estime que ses dépenses en matière de congé de maternité vont doubler à 4 milliards de livres sterling (de 2,2 à 4,5 milliards d’euros). Londres met en avant aussi qu’actuellement 90% des Britanniques s’arrêtent déjà pendant 20 semaines, sans bénéficier d’aussi bonnes conditions.

Certains pays, comme l’Allemagne ou la Suède, qui appliquent déjà en plus du congé de maternité minimal des dispositions particulièrement avantageuses de long congé parental, ont également des réserves.

Une concession leur a été faite, les eurodéputés ayant voté le principe d’une « passerelle » permettant de comptabiliser au titre du congé parental les quatre dernières semaines du congé de maternité, et de ne les rémunérer qu’à 75% du salaire.

La Commission européenne proposait à l’origine de porter à 18 semaines la durée minimale du congé de maternité dans l’UE, ce qui correspond aux recommandations de l’Organisation internationale du travail

(OIT).

Jugeant ce vote « ambitieux », la commissaire chargé du dossier, Viviane Reding, a estimé qu’il « ne faciliterait pas la quête d’un compromis équilibré dans un proche avenir » avec les gouvernements. Il ne faut « pas trop peser sur les finances des Etats », a-t-elle demandé.

Joëlle Milquet : « une avancée positive » La ministre de l’Emploi et de l’Egalité des chances Joëlle Milquet (cdH) a qualifié « d’avancée positive » la position du Parlement européen, ajoutant qu’il faudra rendre la mesure « réalisable dans le cadre budgétaire futur ».

Présidente jusqu’à la fin de l’année du conseil des ministres européens de l’Emploi et de la Politique sociale, Mme Milquet a annoncé dans la foulée son intention d’initier maintenant la discussion au sein du conseil, très divisé sur cette question.

Dans un communiqué diffusé mercredi soir, la ministre centriste confiait son espoir de « terminer la première lecture de ce texte et obtenir un mandat clair pour pouvoir entamer un trilogue du Conseil avec la Commission et le Parlement (afin) de dégager un accord en seconde lecture sur cet allongement du congé de maternité ».

Frédérique Ries : « un pas trop loin » La députée européenne Frédérique Ries (MR) a déploré la volonté du Parlement européen. « Un pas trop loin, pour ne pas dire un pas de travers », a commenté l’eurodéputée libérale.

Selon elle, cette décision « en décalage complet avec la réalité du monde du travail » aura des « dommages collatéraux » dans bon nombre d’Etats membres.

« Protéger les femmes, c’est avant tout ne pas créer les conditions de nouvelles discriminations à l’embauche et au retour au travail. Ce que confirment les études des experts de l’OCDE et de l’Union européenne des PME si nous poussons trop loin nos exigences », estime Mme Ries.

Pour l’eurodéputée, les 18 semaines proposées initialement par la Commission -et recommandées par l’Organisation internationale du Travail (OIT)- étaient un « compromis acceptable ».

A ses yeux, le projet a été approuvé au Parlement par une « alliance contre nature entre la gauche, qui croit y voir une façon de promouvoir les femmes au travail, et les délégations les plus conservatrices de la droite, qui comprennent bien que le texte les renverra à la maison! « , a-t-elle conclu.

Le Vif.be, avec Belga

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