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Le compromis atteint sur la migration constitue un « bon accord » pour Charles Michel

Le compromis sur la question migratoire atteint après plus de huit heures de discussions par les 28 dirigeants de l’Union européenne vendredi matin constitue « un bon accord », a estimé le Premier ministre Charles Michel.

« Cet accord traduit largement les engagements que j’avais pris au nom du gouvernement au parlement. C’est un pas dans la bonne direction qui nous permet de continuer à travailler dans le cadre de Schengen », a-t-il ajouté.

Les trois dimensions défendues par le chef de l’exécutif belge, à savoir le contrôle des frontières extérieures, les aspects externes de la migration – notamment la coopération avec les pays tiers en Afrique -, ainsi que la recherche d’un équilibre entre solidarité et responsabilité en matière d’asile ont été repris dans les conclusions validées par les leaders européens.

Un travail commun

Cet accord « est d’abord le fruit d’un travail commun et c’est la coopération européenne qui l’a emporté sur le choix d’un non-accord ou de décisions nationales qui n’auraient été ni efficaces ni durables », a pour sa part salué le président français Emmanuel Macron. Les 28 se sont notamment entendus vendredi pour mettre en place sur le territoire de l’UE – dans les pays limitrophes de la Méditerranée – des centres « contrôlés » d’accueil des migrants secourus en mer. Ces installations seront implantées dans des Etats membres « volontaires » et permettront de distinguer rapidement les personnes éligibles à l’asile et les migrants économiques.

Les personnes susceptibles de bénéficier d’une protection internationale seront ensuite réparties depuis ces lieux vers d’autres pays de l’Union européenne, eux aussi « volontaires », répondant ainsi partiellement au souhait italien d’une « responsabilité partagée » pour tous les migrants arrivant en Europe.

Migrants économiques à terme renvoyés

Les migrants économiques devraient quant à eux à terme être renvoyés. L’idée du président du Conseil européen, Donald Tusk, de mettre en place hors de l’Union européenne des « plateformes de débarquement » de migrants secourus en mer figure également dans les conclusions adoptées par les dirigeants. Ces installations, qui devraient être gérées en collaboration avec le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (UNHCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), permettraient elles aussi de distinguer les personnes éligibles à l’asile des migrants économiques qui ne peuvent y prétendre.

Les détails sur la manière dont elles seraient organisées et sur les lieux précis de leur éventuelle implantation sont cependant encore inconnus. Les travaux visant à opérationnaliser cette approche, qui devra « pleinement respecter le droit international », vont se poursuivre dans les semaines à venir. Par ailleurs, la recherche d’un consensus sur la réforme du règlement de Dublin, qui confie aux pays de première entrée dans l’Union la responsabilité des demandes d’asile, se poursuivra dans les prochains mois, notamment sous la présidence autrichienne de l’UE qui débutera le 1er juillet.

L’Italie était en blocage

Les dirigeants de l’UE ont encore pris l’engagement de dégager 500 millions d’euros pour le fonds fiduciaires pour l’Afrique afin de s’attaquer aux causes des migrations. Déterminée à faire entendre ses exigences sur la question migratoire, l’Italie avait bloqué jeudi les premières conclusions du sommet sur des dossiers bien moins sujets à controverse (sécurité, défense, emploi ou encore élargissement). En première ligne pour accueillir les migrants qui traversent la Méditerranée, le Premier ministre Giuseppe Conte, pour son premier sommet à la tête du nouveau gouvernement populiste, exigeait des « actes » de la part de ses partenaires européens. A l’issue du sommet, il a affiché sa satisfaction en affirmant que l’Italie n’était « plus seule ».

Il s’est entre autres félicité que l’accord conclu prévoie « une approche intégrée » avec « une Europe plus responsable et plus solidaire ». Son homologue polonais, Mateusz Morawiecki, a quant à lui estimé que l’accord était un « très bon compromis ». « Il y a des déclarations sur des relocalisations (répartition de demandeurs d’asile: ndlr) sur une base volontaire et elles sont basées sur le consensus », s’est-il félicité. L’évolution des différents aspects du dossier migratoire reviendra à l’agenda du Conseil européen dès sa réunion d’octobre.

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