Cambodge © Getty

Le Cambodge commémore les victimes des Khmers rouges

Le Vif

Le Cambodge a commémoré lundi les quelque deux millions de personnes mortes sous le régime des Khmers rouges (avril 1975-janvier 1979).

Des centaines de personnes se sont rassemblées dans les « champs de la mort » de Choeung Ek, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Phnom Penh, pour marquer la « Journée de la commémoration ».

Autrefois nommée « Journée de la haine », elle rappelle le 20 mai 1976, quand Pol Pot, le numéro un des guérilleros maoïstes parvenus au pouvoir, décréta la fin de la famille, les repas en commun obligatoires et les camps de travail forcé.

Des prières ont été prononcées et des étudiants en noir, armés de fusils, couteaux et cannes de bambou ont reconstitué des scènes terribles.

« Nous rejouons ces scènes afin de rappeler le régime génocidaire de Pol Pot et la cruauté dont le peuple cambodgien a souffert », déclare à l’AFP Chhaem Khleuong, un enseignant des beaux-arts qui incarne un cadre khmer rouge.

Dans l’assistance, certains pleuraient. « Ces scènes font revenir mes sentiments sous l’ère Pol Pot, avec les tueries haineuses », confie Chan Ren, âgée de 62 ans et qui a perdu plus de dix proches sous le régime khmer rouge. « Aujourd’hui, les gens viennent prier pour les âmes de ceux qui ont été tués par les Khmers rouges ».

Environ un quart de la population est mort d’épuisement, de famine, de maladies ou à la suite de tortures et d’exécutions pendant que les Khmers rouges dirigeaient le pays, lui imposant leur utopie agraire. Leur régime a été renversé en 1979 par l’intervention armée du Vietnam.

Cheoung Ek est un site de massacre découvert en 1980, contenant les restes de quelque 15.000 personnes dans 129 charniers.

Certains responsables du régime ont été jugés par un tribunal international créé par l’ONU, critiqué pour la lenteur des procédures.

Pol Pot est mort libre en 1998. En novembre 2018, les deux plus hauts dirigeants khmers rouges encore en vie –l’idéologue Nuon Chea (92 ans), et le chef de l’Etat Khieu Samphan (87 ans)–ont été condamnés à la prison à vie pour génocide, un chef d’accusation retenu pour la première fois par le tribunal 40 ans après la chute du régime.

Ce procès sera probablement le dernier intenté contre d’ex-membres du régime. Le Premier ministre actuel, Hun Sen, lui-même ancien cadre khmer rouge, a demandé qu’aucun autre suspect ne soit renvoyé devant le tribunal, invoquant de potentiels troubles dans le royaume.

Hormis Nuon Chea et Khieu Samphan, le tribunal n’a condamné en 2012 que Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, chef de la prison S-21, où 15.000 personnes ont été torturées avant d’être exécutées dans les « champs de la mort ». Il purge aussi une peine de détention à perpétuité.

AFP

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