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Le Cachemire, la poudrière de l’Inde et du Pakistan

Le Vif

Au moins 41 paramilitaires ont péri jeudi au Cachemire indien, attaque la plus meurtrière depuis le début de l’insurrection séparatiste contre New Delhi dans cette région poudrière disputée avec le Pakistan.

Cette zone himalayenne est au coeur des tensions entre les deux puissances d’Asie du Sud depuis sept décennies:

– Un territoire divisé –

Le conflit du Cachemire trouve son origine dans la partition de l’Empire britannique des Indes qui donne naissance le 15 août 1947 à deux États, l’Inde majoritairement hindoue et le Pakistan musulman.

Le Cachemire opte alors pour l’indépendance, mais un conflit éclate après l’incursion de tribus venues du Pakistan. Le prince régnant, hindou, demande l’aide militaire de l’Inde et accepte d’adhérer à l’Union indienne, en dépit d’une population majoritairement musulmane.

La guerre prend fin le 1er janvier 1949 par la division du territoire en deux parties: 37% pour le Pakistan, l’Azad-Kashmir, et 63% à l’Inde, l’État du Jammu-et-Cachemire.

Une ligne de cessez-le-feu –frontière de facto– sépare sur près de 770 kilomètres les deux parties, sans pour autant mettre fin aux revendications territoriales de chacun.

Entre août et septembre 1965, le conflit au Cachemire est ravivé avec l’intrusion dans la partie indienne d’un millier de partisans du Cachemire indépendant, soutenus par le Pakistan. Cette seconde guerre indo-pakistanaise s’achève par une médiation soviétique.

– Pic de l’insurrection séparatiste –

Vers la fin du XXe siècle, plutôt qu’une guerre frontale entre deux puissances, le conflit au Cachemire se mue en une insurrection séparatiste dans la partie indienne.

Fin 1989, des groupes rebelles indépendantistes et pro-pakistanais lancent une guerre d’usure contre l’armée indienne. À partir du milieu des années 1990, ils sont rejoints par des jihadistes étrangers, notamment arabes, afghans et pakistanais.

L’Inde reproche au Pakistan, en particulier à son armée et ses services de renseignement, de soutenir en sous-main les infiltrations et la rébellion armée.

L’un des épisodes les plus meurtriers survient en 1999. New Delhi accuse Islamabad d’avoir infiltré sa portion du Cachemire avec des combattants islamistes et des soldats pakistanais dans le but de s’emparer du glacier du Siachen, situé à plus de 5.000 m d’altitude.

Le Cachemire, la poudrière de l'Inde et du Pakistan
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Les combats acharnés le long de la ligne de démarcation, notamment dans la région de Kargil, font plus de mille morts.

Après la décennie noire des années 1990, la violence diminue en intensité au Cachemire indien mais sans jamais cesser. De plusieurs milliers de combattants séparatistes au pic de l’insurrection, leur nombre se situerait aujourd’hui autour de 250.

Les forces indiennes déployées dans la partie sous contrôle de New Delhi sont estimées à un demi-million d’hommes, ce qui fait du Cachemire l’une des zones les plus militarisées du monde.

– Nouvelle flambée –

Le groupe islamiste Jaish-e-Mohammed, qui a revendiqué l’attentat-suicide de jeudi, est l’un des plus actifs dans la lutte armée contre l’administration indienne. Basée au Pakistan, l’organisation est surtout connue pour son recours à des kamikazes et sa participation à l’attaque du Parlement indien en 2001.

Jaish-e-Mohammed est mené par le séparatiste Masood Azhar. Capturé par les autorités indiennes en 1994, il avait été relâché en 1999 contre la libération de passagers d’un avion Indian Airlines pris en otage par des pirates de l’air.

Depuis l’été 2016, la violence connaît une nouvelle flambée dans la vallée de Srinagar, la grande ville du Cachemire indien, sans toutefois atteindre les niveaux des débuts de l’insurrection.

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L’étincelle est cette fois partie de la mort sous les balles indiennes d’un charismatique commandant rebelle, Burhan Wani. Ce dernier est devenu le symbole d’une jeunesse cachemirie sans perspectives d’avenir et prenant le maquis pour combattre l’Inde, décrite comme une puissance envahisseuse. De nombreux jeunes ont suivi sa voie ces dernières années.

Couvre-feu, manifestations anti-indiennes, lanceurs de pierres dispersés à la grenaille mutilante par la police, fusillades entre soldats et insurgés sont des scènes fréquentes dans cette vallée aux paysages montagneux dignes de cartes postales.

2018 y a été l’année la plus meurtrière depuis 2009 avec plus de 550 morts, dont environ 150 civils, selon un groupe local qui comptabilise les victimes. Au total, le conflit au Cachemire a fait des dizaines de milliers de morts, dans leur majorité des civils.

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