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Le bras de fer reprend entre Trump et les démocrates sur l’immigration et le budget

Le Vif

Le Congrès a ouvert mercredi sa session 2018 avec un programme chargé, Donald Trump devant forger un compromis sur le budget et l’immigration, dans une ambiance surchauffée par les déclarations du président contre la Corée du Nord et son ex-conseiller Stephen Bannon.

Première urgence: financer l’Etat fédéral pour éviter une paralysie des administrations. Les parlementaires ont déjà reporté trois fois depuis septembre la date-butoir, maintenant fixée au 19 janvier. Ils devront avant cette date adopter une gigantesque loi de centaines de milliards de dollars couvrant tout le gouvernement, de la Défense à la Santé, afin de terminer l’année budgétaire 2018, soit jusqu’à fin septembre.

La majorité républicaine entend doper les dépenses militaires, mais la minorité démocrate a son mot à dire: elle peut tout bloquer au Sénat, où une majorité qualifiée des trois cinquièmes, soit 60 voix sur 100, sera requise.

Elle a fixé ses conditions: une augmentation équivalente des dépenses pour la Défense et le reste des dépenses; des hausses conséquentes pour la lutte contre les opiacés et pour la santé; le renouvellement d’une assurance maladie publique pour enfants (CHIP); et surtout, la régularisation de centaines de milliers de clandestins arrivés enfants aux Etats-Unis.

C’est la principale pierre d’achoppement. Le président américain a abrogé en septembre le programme Daca, qui a permis à 690.000 jeunes sans-papiers de travailler et d’étudier en toute légalité, en donnant jusqu’à mars au Congrès pour trouver une solution pour cette population.

Les républicains sont globalement d’accord pour les régulariser… mais Donald Trump exige en échange le vote de crédits pour ériger le mur promis à la frontière avec le Mexique, ainsi que d’autres mesures anti-immigration, dont la fin de ce qu’il appelle « l’immigration en chaîne » (rapprochement familial) et la suppression de la loterie annuelle de cartes vertes.

Or les démocrates ont longtemps dit qu’ils refuseraient de financer ce mur, symbole pour eux d’une politique xénophobe.

Les quatre leaders du Congrès – républicains et démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat – se sont rencontrés mercredi au Capitole avec deux émissaires de la Maison Blanche pour tenter de sortir de l’impasse.

« Il est important que les élus du Congrès ne prennent pas en otage le financement de nos armées en échange de mesures sur l’immigration », ont déclaré la Maison Blanche, le président de la Chambre Paul Ryan et le chef du Sénat Mitch McConnell dans un communiqué.

Du côté démocrate, les chefs de groupe, Nancy Pelosi (Chambre) et Chuck Schumer (Sénat), n’ont rien laissé filtrer, se contentant de déclarer que la réunion avait été « positive et productive » et que les négociations se poursuivraient.

Majorité réduite

Donald Trump a envoyé des signaux contradictoires sur ces « Dreamers » qui rêvent de devenir citoyens américains. Il a exprimé sa compassion mais entend tenir la ligne dure de sa campagne contre l’immigration clandestine.

« Le président a été très clair, il n’y aura pas de +Daca+ sans financement du mur. Le mur doit être construit. Il l’a promis », a redit Kellyanne Conway, conseillère présidentielle, sur Fox News.

Selon les sénateurs républicains Thom Tillis et Lindsey Graham mercredi, un compromis est en vue.

La marge de manoeuvre de la majorité s’est par ailleurs sensiblement réduite. Au Sénat, les républicains sont passés de 52 à 51 sièges sur 100, après une élection partielle perdue dans l’Alabama.

Le nouveau sénateur de l’Alabama est un démocrate, du jamais vu depuis 25 ans. Doug Jones a prêté serment mercredi, ainsi que Tina Smith, nommée en remplacement du sénateur démocrate du Minnesota Al Franken, qui a démissionné à la suite d’accusations de femmes sur des contacts sexuels et des baisers forcés.

Une fois les urgences du mois de janvier réglées, c’est avec ce Sénat que le milliardaire de la Maison Blanche devra composer pour ses prochaines réformes. Il a souligné qu’un grand plan d’investissement dans les infrastructures obsolètes du pays pourrait susciter un consensus.

D’autres sujets de politique intérieure et extérieure s’imposeront aussi de facto à l’agenda politique, après les tweets du dirigeant sur son « bouton nucléaire » utilisable contre la Corée du Nord, et la répudiation de son ex-conseiller Stephen Bannon, qui pourrait compliquer la stratégie républicaine lors des primaires législatives du printemps.

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