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Le bilan mitigé des élections afghanes

Les attaques des taliban contre les bureaux de vote n’auront finalement été que sporadiques. Il y a eu des fraudes et la participation n’a pas été massive, même si meilleure qu’en 2009.

Par Dominique Lagarde

« Un bilan mitigé », reconnaissait, peu après la fermeture des bureaux de vote, le chef de la mission de l’ONU en Afghanistan, Staffan de Mistura. Ce samedi 18 novembre un peu plus de dix millions et demi d’Afghans étaient appelés aux urnes pour élire les 249 députés de leur assemblée nationale parmi plus de 2500 candidats.

Ces élections législatives, les deuxièmes depuis 2001, se tenaient sous la menace des taliban. Ceux-ci n’auront toutefois pas réussi à perturber sérieusement les opérations, dont pas moins de 400 000 policiers et soldats, afghans et étrangers, assuraient la sécurité. La plupart des bureaux étaient ouverts – 15% environ seraient restés fermés- et les attaques ont été sporadiques, même si elles ont tout de même fait une dizaine de morts.

En revanche, la participation ne semblait pas très élevée, bien que supérieure à celle – 30%- relevée lors des élections présidentielles. Surtout, quelques heures seulement après l’ouverture du scrutin, la commission des plaintes électorales relevaient déjà des irrégularités dans certains bureaux de Kaboul… Il faut dire que, ces derniers jours plusieurs fausses cartes d’électeurs avaient été saisies dans la capitale ainsi que dans les provinces de Ghazni et de Ghor.

Karzaï souhaite une assemblée plus docile L’enjeu politique de ces élections, dont les résultats doivent en principe être connus le 31 octobre, n’est pas très important. La quasi-totalité des pouvoirs est en effet concentrée dans les mains de la présidence. Hamid Karzaï n’en a pas moins suivi de près le scrutin de ce samedi. Lors de la dernière législature, les parlementaires étaient rentrés en conflit avec lui à plusieurs reprises, contestant notamment la nomination de certains ministres.

Le chef de l’Etat afghan souhaite de toute évidence que la nouvelle assemblée soit plus docile. D’autant qu’il pourrait avoir besoin du soutien des députés s’il réussissait à négocier un accord avec l’insurrection qui le conduise à proposer une réforme de la constitution et un partage du pouvoir avec les taliban. Un soutien qui pourrait ne pas être automatique dans une assemblée dont le quart des sièges est réservé à des femmes. Plusieurs élues du parlement sortant avaient ainsi critiqué l’été dernier la convocation par le chef de l’Etat d’une « jirga » – assemblée traditionnelle- censée examiner les conditions d’une éventuelle négociation avec les taliban.

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