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Le bilan contradictoire de Genève II

Le Vif

Les Etats-Unis ont attribué dimanche à « l’obstruction » du régime syrien l’échec des négociations de Genève, alors que Damas a affirmé que des « progrès importants » y avaient été faits.

« Personne n’a été surpris de constater que les discussions ont été difficiles (…), mais il devrait être clair aux yeux de tous que l’obstruction du régime Assad a rendu les progrès encore plus difficiles », a déclaré le secrétaire d’Etat américain John Kerry dans un communiqué. Il a également fustigé les exactions menées par Damas sur le terrain contre la population civile, notamment au moyen de barils d’explosifs jetés depuis des hélicoptères.

Sur le terrain, le chef d’état-major de l’Armée syrienne libre (ASL), Sélim Idriss, a été limogé dimanche, a annoncé le Conseil militaire supérieur (CMS) qui chapeaute cette coalition rebelle. Il a été remplacé par le brigadier général Abdel al-Ilah al-Bachir. Ce remaniement a été expliqué par la nécessité de « restructurer l’état-major » et « les difficultés que rencontre la révolution syrienne » face au régime du président Bachar al-Assad. Sélim Idriss, un des fondateurs de l’ASL, était perçu comme un proche des Américains. Il était en poste depuis mi-2012.

Le conflit syrien a fait plus de 140.000 morts en près de trois ans, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Toujours à propos des pourparlers de Genève, M. Kerry a loué l’opposition pour son « courage » et son « sérieux » et, dans une allusion à peine voilée à la Russie, il a appelé les « soutiens du régime » à faire pression sur Damas pour qu’il mette fin à son « intransigeance dans les pourparlers et à ses méthodes brutales sur le terrain ».

Damas n’était « pas sérieusement intéressé par des négociations » De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a estimé dimanche que le régime syrien n’était « pas sérieusement intéressé par des négociations ».

Les autorités syriennes ne cherchent « qu’à consolider leur pouvoir » et, selon lui, il est donc « d’autant plus urgent » que le Conseil de sécurité de l’ONU agisse et adopte une résolution pour mettre un terme aux crimes de guerre affectant « la situation humanitaire en Syrie ».

« Le deuxième round n’a pas échoué », selon Damas

Quelques heures plus tard, Damas a fait connaître ses vues à propos des pourparlers. Le chef de sa diplomatie Walim Mouallem a affirmé que les négociations de Genève n’avaient pas échoué et que des « progrès importants » avaient été faits.

« Le deuxième round n’a pas échoué, contrairement aux analyses des médias et aux réactions des ministres des Affaires étrangères de France et de Grande-Bretagne », a dit le ministre pendant le voyage de retour de Genève, cité par l’agence officielle syrienne Sana. « Le deuxième round a réalisé un point très important: la Syrie a approuvé l’ordre du jour proposé par le médiateur Lakhdar Brahimi, à commencer par le premier point, qui est la question de la violence et la lutte contre le terrorisme », a-t-il ajouté.

« Les discussions n’ont pas échoué, nous avons obtenu ce que nous avions toujours réclamé: un ordre du jour à discuter pendant les réunions de Genève », a-t-il insisté. Quinze jours après un premier échec, une deuxième session de négociations à Genève n’a toutefois permis aucune avancée, et l’avenir de ces pourparlers est désormais en question.

M. Brahimi n’a fixé aucune date pour une reprise du dialogue. Mais John Kerry a lui parlé d’une « suspension » qui devrait permettre aux deux camps et à la communauté internationale de « déterminer la façon de mettre au mieux cette période à profit et faire en sorte que la reprise (des négociations) permette de trouver une solution politique à cette horrible guerre civile ».

En Syrie, les rebelles se sont retirés complètement du camp palestinien de Yarmouk dans le sud de Damas, soumis à un siège de l’armée depuis plus de 200 jours, a annoncé dimanche à l’AFP un responsable palestinien.

Dans la ville centrale de Homs, entre-temps, l’évacuation des civils assiégés a été interrompue, le gouverneur de la province accusant les rebelles d’avoir empêché samedi la poursuite des opérations, menées par l’ONU et le Croissant-Rouge syrien à la faveur d’une trêve humanitaire qui a expiré samedi soir sans qu’une prolongation ne soit annoncée. Quelque 200.000 Syriens sont toujours privés d’une assistance humanitaire.

Le chef du Hezbollah chiite libanais, Hassan Nasrallah, dont le parti combat les rebelles syriens aux côtés du régime de Bachar al-Assad, a promis à ses partisans la « victoire » face aux groupes « extrémistes ».

« C’est une question de temps », a-t-il dit dans un discours retransmis en direct par la chaîne Al-Manar, organe de son parti.

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