Ernesto " Che " Guevara, quelques jours avant son exécution, en Bolivie. © BELGAIMAGE

Le 9 octobre 1967, le jour de la vraie mort du « Che »

Est-ce bien vrai ? Est-ce seulement possible ? Un héros peut-il mourir ? Ces questions parcourent l’Amérique latine et le monde en ce mois d’octobre. Certes, des journalistes ont vu une victime. Que l’homme est mort ne fait aucun doute. Mais que ce soit le « Che », cela reste à prouver.

Il faut dire que la disparition du révolutionnaire a déjà été annoncée – par erreur ! – par le passé. Et qu’en ces temps de guerre, l’information est aussi une arme. Mais bientôt, le doute ne sera plus permis : l’éternel commandant est bel et bien décédé. Jusque dans sa mort, Ernesto Guevara aura entretenu sa légende. Sa vie, pourtant, n’avait pas été que brillante.

A la fin des années 1950, Ernesto Guevara accompagne Fidel Castro dans ses pérégrinations cubaines. Après l’avoir aidé à renverser le dictateur Batista, il devient ministre de l’Industrie et convertit l’économie de l’île au socialisme soviétique. Guevara est convaincu que seule une révolution de type marxiste peut réduire la fracture socio-économique. Pendant cinq ans, il oeuvre au sommet. Ce qui fait aussi de lui l’un des principaux responsables des centaines d’exécutions opérées par le régime.

En 1965, tombé en disgrâce à la cour castriste, Guevara rassemble une douzaine de camarades et tente de se relancer au Congo, ex-belge. Parcourant les maquis, il tâche de former des rebelles à ses idéaux – et à ses techniques de combat. Mais Guevara ne parvient à rendre les Congolais ni unis ni efficaces.  » Ce ne sont pas vraiment les armes qui manquent ici ; ce qui manque, ce sont des soldats « , livre-t-il. A l’heure de mettre son expérience africaine par écrit, il ne s’en cachera pas :  » ceci est l’histoire d’un échec « .

Retour en Amérique latine. En Bolivie cette fois. Accompagné de militants venus d’Europe – dont un certain Régis Debray – il rejoint la guérilla locale, qui cherche à renverser le président Barrientos. En matière de révolution, Guevara est devenu une référence. Surnommé  » el che  » ( » le gars « ), il séduit notamment de larges franges de l’intelligentsia européenne de gauche. Et pourtant, en Bolivie, la sauce ne prend pas totalement. Guevara ne parvient pas à s’allier les foules paysannes. En revanche, il devient la bête noire du régime, qui peut compter sur la bienveillante complicité de la CIA… Guevara est arrêté le 8 octobre. Le lendemain, il est emmené dans une école abandonnée. C’est là qu’il entre dans la légende… tandis que Mario Terán entre dans l’histoire. Terán est le sous-officier chargé de l’exécution.  » Je suis resté quarante minutes avant d’exécuter l’ordre, racontera-t-il plus tard. J’étais intimidé. Je voyais un Che très grand, énorme. Ses yeux brillaient intensément.  »

Deux jours plus tard, le régime invite une trentaine de journalistes à venir reconnaître la dépouille. Ce qui est présenté comme indiscutable par le gouvernement est toutefois mis en question par la plupart des hommes de presse, frappés par la finesse du corps et la jeunesse du défunt. Mais, au fil des jours, les confirmations se multiplient. Et les derniers doutes s’envolent.

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