Dietrich Bonhoeffer, en 1932, avec des écoliers. Le résistant au régime nazi sera exécuté au camp de concentration de Flossenbürg. © ullstein bild/belgaimage

Le 9 avril 1945, le jour où le résistant au régime nazi Dietrich Bonhoeffer fut exécuté

Entre la mort et la liberté, il choisit la mort. A plusieurs reprises, pourtant, il avait eu l’occasion de s’en aller. De fuir cette Allemagne devenue nazie, qu’il savait dangereuse pour lui. Mais c’eût été contraire à ses principes. Une entorse à ses valeurs. Pour lui, un chrétien ne pouvait qu’être solidaire. Résistant. Proche de ses frères. Le 9 avril 1945, le pasteur protestant allemand Dietrich Bonhoeffer est exécuté. Alors que le conflit est sur le point de s’éteindre en Europe, naît un nouveau martyr.

Grosse tête que ce théologien. Très tôt, il se fait remarquer par ses recherches. Il les consacre à l’Eglise, qu’il voit comme le  » corps mystique du Christ « . Mais l’homme est aussi un pasteur, ancré dans le réel. A Berlin, il se fait proche des enfants issus des quartiers défavorisés. Déjà, il se nourrit du goût d’être aux côté des moins chanceux.

En 1933, l’Allemagne s’enthousiasme pour un dictateur quadragénaire. Bonhoeffer, lui, voit clair. Le jour même de l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, il condamne l’idolâtrie dont s’entoure le nazisme. Tandis que l’Eglise protestante hésite, Bonhoeffer dénonce fermement le sort réservé aux juifs. Progressivement, il devient un ennemi du régime. Un homme dangereux. Et donc, en danger. En 1936, il n’est plus autorisé à enseigner. Deux ans plus tard, il se voit interdit de séjour à Berlin. En 1939, on lui propose un poste de professeur aux Etats-Unis. L’homme accepte la porte de sortie. Puis se ravise. A la veille du conflit, il retrouve l’Allemagne. C’est là qu’il se sent à sa place.

En plein conflit, le théologien s’affirme. Conscient de la déchristianisation de l’Occident, il observe sereinement la perte d’influence et les limites de l’Eglise.  » Le temps où l’on pouvait tout dire aux hommes par des paroles théologiques ou pieuses est passé « , relève-t-il.  » Les chrétiens vont devoir désormais penser et agir sans tutelle « , sans  » se retrancher derrière la foi de l’Eglise « . De manière assez novatrice, Bonhoeffer parvient à penser la foi sans la religion.

Le résistant s’affirme aussi. Petit à petit, il fait son trou dans les milieux du contre-espionnage clandestin. Et participe aux réflexions des comploteurs désireux d’éliminer le Führer. Ça va lui coûter cher : en avril 1943, il est arrêté par la Gestapo. Transféré de prison en camp, il garde le cap en priant. Il lit aussi, et écrit. Notamment à la demoiselle avec qui il vient de se fiancer.

A l’été 1944, la tentative d’assassinat contre Hitler échoue. Et les conditions de détention du pasteur se durcissent. La fin se rapproche, inéluctable. La dernière étape sera le camp de concentration de Flossenbürg. Un mois à peine avant la défaite nazie, il est pendu, nu, à une potence.  » En cinquante ans de pratique, je n’ai jamais vu mourir un homme aussi totalement abandonné entre les mains de Dieu « , témoignera le médecin du camp. Bonhoeffer croyait en la vie éternelle. En son for intérieur, entre la mort et la liberté, il avait choisi. La liberté.

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