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Le 69e anniversaire de la Nakba, la catastrophe en arabe

Stagiaire Le Vif

Les Palestiniens ont célébré ce lundi 15 mai le 69e anniversaire de la Nakba, « catastrophe » en arabe. Comme chaque année, cette journée, qui commémore l’exode de centaines de milliers de Palestiniens ayant été expulsés ou ayant pris la fuite en 1948, est marquée par des tensions.

Le jour de la Nakba marque la commémoration de la déportation de près de 750 000 Palestiniens et la destruction de 500 villes et villages entre 1947 et 1948. Les Israéliens ne reconnaissent globalement pas leurs responsabilités dans ces évènements. Ces derniers considèrent que les Palestiniens ont volontairement quitté leurs maisons et villages après l’appel lancé par les pays arabes qui prévoyaient d’attaquer Israël dans ce qui allait devenir la Première Guerre israélo-arabe.

Cette hypothèse est cependant désormais contestée par des intellectuels, y compris par des Israéliens appartenant à la mouvance des « nouveaux » historiens ». Ces derniers affirment que les déportations ont commencé bien avant le début de la guerre de 1948. En effet, selon Rashid Khalidi, professeur à l’Université de Columbia, la moitié des réfugiés palestiniens avaient déjà perdu leurs maisons avant l’action conjointe de l’Égypte, l’Irak, la Jordanie et du Liban. Les « nouveaux historiens » pensent également que cet exode fut contraint et violent, contrairement à ce qu’affirme l’hypothèse du départ volontaire.

Des tensions palpables en Cisjordanie

S’il est plus difficile de commémorer la Nakba depuis l’adoption de la « loi Nakba », une loi de 2011 qui pénalise les organismes qui y prennent part, cela ne l’empêche d’être « célébrée » en Cisjordanie par des manifestations et des veillées.

« La Nakba, pour nous, signifie la destruction. Nous sommes bien placés pour savoir ce que cela signifie, nous avons dû fuir, c’est nous qui avons quitté nos maisons et nos terres ». Le droit au retour reste en effet une revendication primordiale des Palestiniens et l’une des questions les plus épineuses pour faire la paix avec Israël après presque 70 ans de conflit.

Les manifestants portaient à leurs mains des clés géantes, symboles de leurs maisons perdues et de la revendication du droit de retour. Plusieurs altercations ont eu lieu entre les autorités israéliennes et de jeunes Palestiniens à Bethléem et à Belt El, une colonie juive près de Ramallah.

Ces derniers ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre qui ont répliqué à l’aide de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Ces altercations ont fait au moins 11 blessés, rapporte le journal « The Times of Israël ». Ceux-ci ont été évacués vers des hôpitaux.

29e jour de la grève de la faim

La journée du 15 mai marque également le 29e jour de la grève de la faim entreprise par des prisonniers palestiniens. Cette journée de deuil s’est d’ailleurs transformée en journée de soutien à leur cause. L’instigateur de cette grève Marwan Barghouthi, a appelé dimanche à la désobéissance civile lors de Nakba.

La grève de la faim a commencé le 17 avril 2017, à l’occasion de la « journée du prisonnier », en protestation contre les conditions de détention des prisonniers palestiniens. Ceux-ci réclament de meilleures conditions de détention. Dans une tribune accordée au New York Times, Barghouthi a exprimé les raisons de leurs actions. Les prisonniers militent entre autres pour l’installation de téléphones publics leur permettant d’être en contact avec leurs familles ainsi que des droits de visites plus fréquentes, de meilleurs traitements médicaux, l’installation d’air conditionné et la fin des détentions administratives.

Plus de 12 millions de Palestiniens vivent à travers le monde, dont la moitié dans les Territoires occupés et en Israël, selon des chiffres officiels palestiniens. Plus de 5,5 millions sont enregistrés comme réfugiés auprès de l’ONU.

Chloé de Radzitzky

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