Prise d'otages à Téhéran : un vrai cauchemar pour le président américain Jimmy Carter. © Bettmann/getty images

Le 4 novembre 1979, le jour où Carter devient prisonnier des otages de Téhéran

Soudain, ils arrivent. Ils sont nombreux – plusieurs centaines. Et jeunes – la plupart sont étudiants. Décidés aussi. En peu de temps, les révolutionnaires se muent en ennemis hostiles.

Après avoir neutralisé les Marines, ils pénètrent dans l’ambassade et abaissent le drapeau américain. Quelques officiels s’échappent mais la plupart – une cinquantaine – sont pris au piège. L’événement est extraordinaire : c’est une prise d’otages pratiquement sans précédent qui se vit à Téhéran.

Quelques mois plus tôt, Mohammad Reza Pahlavi était contraint de quitter le pouvoir. A la tête de l’Iran depuis 1941, le Shah avait fait de son pays l’une des grandes puissances de la région. Mais aussi une dictature profondément inégalitaire. Pour le faire entrer dans la modernité, il avait également délesté l’Iran de ses traditions musulmanes. Après des semaines de violence, intellectuels, intégristes et autres ennemis du Shah pouvaient crier victoire. Le 16 janvier 1979, Reza avait quitté le pays, avant de trouver refuge aux Etats-Unis. A Téhéran, un nouveau régime pouvait voir le jour.

Dirigée par l’ayatollah Khomeiny, la République islamique réclame à présent justice. Les preneurs d’otages n’ont qu’une revendication : ils veulent obtenir l’extradition du Shah. Pour le juger au pays. A Washington, on est sous le choc. Sans doute est-ce la première fois qu’aussi ouvertement, la toute-puissance américaine est contestée. Mais le président Jimmy Carter n’entend pas se laisser faire. Inflexible, il refuse de donner raison aux ravisseurs. Et réplique : d’une part, en gelant les avoirs iraniens sur le territoire américain ; d’autre part, en instaurant un embargo économique entre les deux pays.

Le bras de fer est total. Hypermédiatisé. Et sans vainqueur. Carter passe à la vitesse supérieure. En avril 1980, après avoir rompu les relations diplomatiques avec l’Iran, il lance l’opération Eagle Claw ( » serre d’aigle « ). Le but : libérer les otages par la force. Le plan est précis, complexe, soumis à de nombreux aléas. Il va échouer. Plusieurs hélicoptères connaissent des problèmes techniques, une tempête de sable complique l’opération, des engins entrent en collision. Résultat : sans même avoir combattu, les forces US sont défaites. Et les otages sont toujours prisonniers.

Pour les Américains, c’est la plus grave crise de politique étrangère depuis le Vietnam. Pour Carter, c’est un véritable cauchemar. Au printemps 1980, il apparaît comme un président faible. En pleine campagne, ses chances de réélection sont réduites. Le 4 novembre, il obtient 41 % des voix. Emportant 50,75 % des suffrages, Ronald Reagan devient le nouveau président des Etats-Unis.

L’heure est à la désescalade. Alors que le Shah est décédé, Reagan opte pour la négociation. Le 20 janvier 1981, tandis que le président prête serment sur la Constitution, les otages sont libérés après 444 jours de captivité. Victoire ? Oui. Réconciliation ? Non. Plus jamais, après 1979, les relations entre les deux Etats ne seront au beau fixe.

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