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La Tunisie entre la peur du chaos et l’envie de démocratie

En trois semaines, les Tunisiens ont fait tomber leur dictateur. Le 14 février 2011, après plusieurs manifestations durement réprimées, le président Ben Ali – au pouvoir depuis vingt-trois ans -, a fui et trouvé refuge en Arabie Saoudite. C’était le début de la « révolution de jasmin ».

Où en est-on? Le 27 février, à la suite de nouvelles manifestations, le peuple tunisien obtient la démission du Premier ministre Mohamed Ghannouchi, dont le gouvernement provisoire était jugé trop proche du Président déchu Ben Ali. « Je ne suis pas l’homme de la répression et ne le serai jamais », a-t-il déclaré en jetant l’éponge sous la pression de la rue. Il est remplacé par Béji Caid Essebsi, qui devrait assurer une transition démocratique vers de nouvelles élections, prévues pour le mois de juillet.

Ce nouveau Premier ministre, connu pour son ouverture d’esprit, doit être le garant d’un gouvernement pluriel. Il devra également apporter une réponse rapide aux urgences sociales longtemps étouffées, comme la lutte contre le chômage et contre le clientélisme.

A la mi-février, le Conseil national pour la protection de la révolution (CNPV) a été créé. Cette assemblée regroupe tous ceux qui s’opposaient au gouvernement Ghannouchi, ou du moins s’en méfiaient: les islamistes d’Ennahda, le conseil de l’ordre des avocats, l’UGTT (la principale centrale syndicale), la Ligue tunisienne des droits de l’homme et l’extrême gauche. Le CNPV exige un pouvoir décisionnel dans l’élaboration des législations pendant la période de transition. Il ne reconnaît au gouvernement provisoire que « l’exécution des affaires courantes ».

La nouvelle commission consultative, avalisée par Essebsi, devra non seulement modifier les textes pour assurer un scrutin transparent, mais aussi trancher entre les tenants d’une élection présidentielle et ceux qui souhaitent l’élection d’une assemblée constituante, voire un référendum. La deuxième option paraît être la plus probable. Ce qui est certain, c’est que le peuple (en particulier dans les régions du centre, là où tout a commencé), ne veut pas que le débat institutionnel traîne au détriment d’une reprise en mains de la situation économique du pays.

La méfiance populaire reste d’ailleurs de mise. Même le comité de protection de la révolution « est loin d’avoir l’aval de la population », relaye le blog Ma Tunisie sans Ben Ali, qui explique que « les partis d’opposition, censés être à l’image du pluralisme idéologique des Tunisiens, sont, pour la plupart, inconnus du peuple ». Les Tunisiens restent vigilants dans cette phase cruciale.

A.S.

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