© isopix

La Taïga sibérienne brûle, la population suffoque

Pendant que brûle la Taïga sibérienne, une ceinture forestière essentielle, la population suffoque. Fumées et cendres nocives ont frappé les villages de la région, forçant les autorités à déclarer l’état d’urgence.

Des milliers de pompiers ainsi que les avions de la protection civile et du ministère russe de l’Intérieur se battent contre les flammes. Mais une fin de la catastrophe, qui a déjà fait partir en fumée une superficie égale à celle de la Belgique, n’est pas à l’horizon.

A Irkoutsk, près du lac Baïkal, et Krasnoïarsk, plus à l’ouest, la population pouvait à nouveau respirer, vendredi, après que le vent a change de direction. Mais de vastes régions sont toujours asphyxiées. Dans les médias russes, la population vivant jusqu’au delà de la zone incendiée se plaint d’un air irrespirable à cause de la fumée.

« On a l’impression de vivre dans un laboratoire chimique. A la maison, dans la rue, l’odeur de fumée se ressent partout », a rapporté Gennadi Scheweljow dans la ville de Kemerowo. A Oulan-Oudé, capitale de la république de Bouriatie, le soleil n’a plus percé depuis plusieurs jours. Certains habitants se plaignent de maux de tête et de pertes d’équilibre.

A 4.000 kilomètres de la zone sinistrée, le ministère moscovite de la Santé a conseillé à la population d’éviter de sortir de chez eux et d’isoler portes et fenêtres avec des linges humides. « Cela fait trois jours que je tousse, c’est très fatiguant », a dit Olga Kudrjawzewa, une sexagénaire d’Oulan-Ondé, qui ne parvient pas à dormir. Les plaines de jeu et les espaces piétons sont vides. Un voile de cendres s’est déposé sur les voitures.

A Krasnoïarsk, beaucoup sont en colère contre le gouverneur de la région. Plus de 2.000 personnes ont appelé jeudi à la démission d’Alexander Uss, se sentant insuffisamment protégés des conséquences du gigantesque incendie. Quelques jours plus tôt, il avait estimé qu’éteindre le feu était insensé, s’agissant d’un « phénomène naturel répandu ». Chaque année, des feux de forêt se produisent en Sibérie. Mais cette fois, comme le soulignent plusieurs médias russes, les autorités ont mis trop de temps à réagir – dans l’espoir que l’incendie s’éteigne de lui-même.

Entre-temps, l’état d’urgence a dû être déclaré tant à Irkoutsk qu’à Krasnoïarsk, ainsi que dans plusieurs régions des républiques de Bouriatie et de Sakha. En tout, plus de 800 localités seraient touchées par les fumées nocives.

En particulier dans les régions reculées et peu peuplées de la Taïga et de la Toundra, dans le nord de la Sibérie, les autorités avaient renoncé aux opérations pour des raisons de coût. Les conséquences sont dévastatrices.

Selon les experts, il faudra 100 ans pour que la forêt se régénère. Eux aussi critiquent les mesures tardives des autorités, parce que le brasier peut s’imprégner profondément dans le sol tourbeux et rester latent pendant des mois.

Ces feux destructeurs interviennent alors que la Sibérie fait toujours face aux conséquences d’une autre catastrophe: des pluies diluviennes qui avaient fait sortir de leur lit plusieurs rivières au début de l’été, menant à des inondations record et des évacuations massives. Des dizaines de personnes avaient perdu la vie. A plusieurs reprises, Moscou a appelé les autorités locales à se dépêcher de reconstruire les maisons souvent construites en bois, car l’hiver ne tardera pas.

Contenu partenaire