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La Syrie connaît des manifestations inédites

Un mouvement de contestation sans précédent a commencé le 15 mars en Syrie à la suite d’un appel sur une page Facebook, intitulée « La révolution syrienne contre Bachar Al-Assad 2011 ». De petites manifestations demandant des réformes politiques ont été dispersées depuis le 15 mars dans la capitale. Depuis, le mouvement s’est étendu au sud du pays.

Le noyau de la contestation reste donc la ville de Deraa, dans le sud de la Syrie, où au moins une centaine de personnes ont été tuées par l’armée depuis le 18 mars. Des ONG syriennes et internationales dénoncent des arrestations en masse de militants des droits de l’homme. Amnesty International a dressé une liste de 93 personnes arrêtées ce mois-ci dans plusieurs villes de Syrie, principalement des étudiants, des intellectuels, des journalistes et des militants.

Le contexte La capitale syrienne, Damas, ne semble plus épargnée par la vague de contestation qui a saisi le monde arabe depuis le début de l’année. Le président syrien Bachar Al-Assad, qui cultive une image de libéral, a jusqu’ici réprimé les protestations pourtant pacifiques.

Les mouvements de mobilisation spontanés sont axés autour du bilan négatif en matière de politique intérieure. Si en politique étrangère, le régime jouit de l’appui de la population, à l’intérieur du pays les Syriens vivent les mêmes urgences que les autres peuples arabes : le lien étroit entre le pouvoir et l’argent, une attitude paternaliste des élites dirigeantes, le musèlement des critiques, etc. Pour Peter Harling, directeur de projet pour le International Crisis group basé à Damas, interrogé par Le Monde, le régime se limite à octroyer des concessions insuffisantes et à jouer sur la peur du chaos parce qu’il sait très bien que « la mise en place de mesures élémentaires, telles que l’introduction à terme de nouvelles lois électorales, la lutte contre une corruption endémique et quelques projets de développement » ne suffiront pas, mais « conduiront à davantage de demandes ».

Jusqu’à maintenant, Damas a rejeté toute initiative sérieuse en matière de réformes politiques. Les seules réponses apportées à la contestation a été une distribution d’argent aux plus pauvres et une répression de plus en plus brutale. La question est de savoir si l' »exception syrienne » va encore durer dans les circonstances exceptionnelles de ce printemps arabe.

A.S.


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