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La Silicon Valley, là où même les riches sont pauvres

Stagiaire Le Vif

Employés par les entreprises les plus branchées au monde, ces habitants de la Silicon Valley figurent parmi les mieux payés du pays. Pourtant, les travailleurs se plaignent d’un coût de vie trop élevé pour s’en sortir.

Ils sont les salariés les mieux pays du pays et pourtant… Engouffrés dans une crise immobilière sans précédent, les habitants de la zone emblématique de Californie se voient contraints de déménager ou d’habiter des logements précaires pour pallier la montée en flèche des loyers. The Guardian révèle que les travailleurs Tech, dont beaucoup appartiennent au 1 % des salariés les mieux payés (salaire à six chiffres, NDLR), se sentent eux-mêmes pauvres dans toute cette richesse : « je ne suis pas devenu un informaticien pour essayer maintenant de joindre les deux bouts « , révèle un employé de Twitter au journal britannique. Un rêve américain à double tranchant.

Les loyers les plus chers du monde

Le dernier boom technologique de la Silicon Valley, combiné à une pénurie de logements, a eu pour conséquence une explosion du prix des loyers au cours de ces cinq dernières années. Les loyers de la ville ont en effet la réputation aujourd’hui d’être les plus élevés du monde, selon un indicateur, devançant New York et Hong Kong. Enseignants, travailleurs, pompiers, classes moyennes et à faibles revenus sont contraints de s’expatrier en dehors de la région.

La Silicon Valley, là où même les riches sont pauvres
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Cet employé Twitter, au salaire de 160 000 dollars par an, condamne cette difficulté à ce loger dans la Bay Area, devenant pour les travailleurs une luxueuse possibilité. Son loyer constitue un coût faramineux de 3000 dollars, pour une maison avec deux chambres, où il vit avec sa famille. « Très modeste pour la région « , affirme-t-il pourtant. Et difficile de trouver mieux avec son revenu, qualifié de « mauvais » pour subvenir aux besoins d’une famille dans la région. L’informaticien cherche un domicile plus spacieux, mais se retrouve en concurrence, par exemple, avec des groupes partageant ensemble un logement pour un coût allant jusqu’à 2000 dollars, et ce, pour une simple chambre.

The Guardian a interrogé plusieurs autres travailleurs, dont le salaire oscille entre 100 000 à 700 000 dollars, au sujet de leur situation financière « catastrophique » et sous anonymat pour la plupart.

L’envers du décor

Bien que la plupart des salaires soient mirobolants, il semble y avoir une frustration grandissante parmi les travailleurs Tech dans la région. Un an plus tôt, la Silicon Valley avait déjà fait parler d’elle pour ses loyers majoritairement impayables depuis l’arrivée du géant Facebook. Des associations souhaitaient que l’entreprise crée des habitations aux prix abordables face à l’urgence de la situation.

Travailler dans ce fief de l’innovation technologique contraint les ingénieurs à consacrer, selon une analyse, entre 40 % et 50 % de leur salaire dans la location d’un appartement proche de leur lieu de travail.

L’article cite plusieurs exemples étonnants comme cet employé de chez Apple, vivant dans un garage de Santa Cruz, ou ce travailleur ayant vécu avec 12 autres ingénieurs dans un appartement de deux chambres, louées via la plateforme Airbnb. Cinq personnes vivaient alors dans la même pièce.

Une femme, travaillant pour une grande firme de télécommunications, ne peut se permettre d’habiter une maison avec son compagnon, pesant pourtant à eux deux plus d’un million de dollars. « Le rêve américain ne fonctionne pas ici « , révèle-t-elle. Atteinte d’un cancer il y a quelques années, elle s’inquiète de la possible disparition de l’Obamacare depuis l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche. Ne plus avoir accès à l’assurance maladie tout en imaginant perdre son travail la préoccupe beaucoup quant à son avenir au pays de l’informatique.

Outre les trajets parfois supérieurs à deux heures et demie, comme peut le faire chaque jour Michael, un autre travailleur dans une entreprise de mise en réseau, nombreux sont ceux qui pensent à quitter la région pour retrouver sérénité et sécurité. Sam, 40 ans, vit avec sa femme et ses trois enfants à San Jose et s’estime grandement sous pression : « Je n’ai pas de sécurité derrière moi », explique-t-il à The Guardian. « Je possède des cartes de crédit, mais ce n’est pas durable. Si une mauvaise chose devait arriver, je serais expulsé de la maison un mois plus tard. »

Des conséquences alarmantes pour les classes moyennes

Si le comité des droits du logement de San Francisco estime que le logement est effectivement coûteux dans la région de la baie, il souligne que la situation est d’autant plus préoccupante pour les habitants qui ne travaillent pas dans le secteur technologique.

Ainsi, pour une famille d’immigrés avec deux enfants, « déménager d’une ville sanctuaire comme San Francisco signifie que vous risquez l’expulsion « .

La ville de San Jose en Californie, capitale de l'informatique
La ville de San Jose en Californie, capitale de l’informatique© Getty Images/iStockphoto

Comment ces habitants peuvent-ils alors vivre dans cette région propice aux plus grands milliardaires ? En faisant « simplement » la navette ! Un professionnel du marketing numérique explique : « Au cours du premier boom des entreprises du web, nous avions des secrétaires qui faisaient trois heures de trajet par jour pour venir au bureau. Ça recommence et c’est absurde. « 

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