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La reprise de Palmyre, « première grande défaite » infligée par le régime à Daech

Le Vif

L’armée syrienne appuyée par l’allié russe a repris dimanche le contrôle total de la cité antique de Palmyre après en avoir chassé les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), une victoire symbolique et stratégique pour le régime de Bachar al-Assad.

Après la reconquête de Palmyre, les forces prorégime n’auront qu’à déloger l’EI de la localité d’Al-Alianiyé, située à 60 km plus au sud, pour reprendre le contrôle du désert syrien et avancer vers la frontière avec l’Irak, contrôlée en grande partie par les jihadistes.

La bataille de Palmyre (centre) a coûté la vie à 400 jihadistes, « le bilan le plus lourd pour l’EI dans une seule bataille depuis son émergence » dans le conflit syrien en 2013, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). 188 membres des prorégime y ont aussi péri, selon l’ONG.

« Après de violents combats nocturnes, l’armée contrôle entièrement Palmyre, y compris le site antique et la partie résidentielle. Ils (les jihadistes) s’en sont retirés », a dit une source militaire à l’AFP sur place.

Soutenue par l’aviation et les forces spéciales russes ainsi que par le Hezbollah libanais et des milices, les soldats ont lancé le 7 mars l’offensive pour reprendre Palmyre à l’EI qui s’était emparé en mai 2015 de la ville et ses ruines antiques classées au patrimoine mondial de l’Unesco.

« Les jihadistes ont reçu l’ordre de se retirer de Palmyre de la part de leur commandement à Raqa (nord) », capitale de facto de l’EI en Syrie, a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH qui a confirmé la chute de la ville aux mains du régime.

Mais il reste « une poignée de jihadistes qui refusent de quitter la ville et veulent continuer le combat », a-t-il ajouté.

Des mines parmi les ruines

D’après la source militaire, les jihadistes « se sont repliés vers Sokhné (à l’est de Palmyre), Raqa et Deir Ezzor », leurs fiefs dans le nord et l’est du pays.

L’aéroport militaire au sud-est de la ville a été aussi repris par l’armée, a-t-elle ajouté, mais l’OSDH a affirmé que des combats y avaient toujours lieu.

La quasi-totalité des habitants, eux, avaient fui la cité devant la violence des combats, avant l’entrée de l’armée dans Palmyre.

Dimanche, les unités d’ingénierie de l’armée désamorçaient des dizaines de bombes et de mines à l’intérieur de la cité antique, a dit la source militaire.

Il s’agit de la victoire la plus importante du régime face à l’EI depuis l’intervention fin septembre 2015 dans le conflit de la Russie, allié indéfectible du régime Assad.

« Si nous gagnons, ce serait la première grande défaite infligée par l’armée à Daech », a indiqué samedi une source militaire, en utilisant un acronyme en arabe du groupe jihadiste qui contrôle toujours de vastes régions de Syrie et de l’Irak voisin.

En revanche, la perte de Palmyre est la deuxième grande défaite de l’EI en Syrie après celle enregistrée en janvier 2015 à Kobané, la ville kurde du Nord, d’où les jihadistes avaient été chassés par les forces kurdes appuyées par l’aviation de la coalition menée par Washington.

‘Perdre le grand désert’

Selon M. Abdel Rahmane, si les prorégime prennent la localité d’Al-Alianiyé après Palmyre, « l’EI perdra automatiquement le grand désert syrien », proche de la frontière irakienne.

En Irak, l’EI est aussi la cible d’une large offensive de l’armée irakienne qui cherche à reprendre son fief de Mossoul, la deuxième ville du pays située dans le Nord, avec l’aide de l’aviation de la coalition internationale et de miliciens.

Les grandes puissances sont déterminées à en finir avec l’EI, un groupe ultraradical qui vient de revendiquer les attentats de Bruxelles qui ont fait mardi 31 morts et 340 blessés, quatre mois après avoir revendiqué ceux de Paris (130 morts).

Responsable en outre d’atrocités dans les région sous son contrôle et de vastes destructions du patrimoine, le groupe jihadiste a amputé Palmyre de ses plus beaux temples, ceux de Bêl et Baalshamin, détruits à coups d’explosifs. Il a aussi réduit en poussière des tours funéraires et le célèbre Arc de triomphe, symbole de l’essor de cette ville vieille de plus de 2.000 ans.

Palmyre était l’une des principales batailles en cours en Syrie, où une trêve est entrée en vigueur il y a exactement un mois entre régime et rebelles. Les jihadistes de l’EI et ceux d’Al-Qaïda sont, eux, exclus de cette cessation des hostilités.

A la faveur de la trêve, un premier round de pourparlers indirects a eu lieu à Genève entre régime et opposition sous l’égide de l’ONU afin de trouver une issue à un conflit qui a fait depuis cinq ans plus de 270.000 morts et créé une grave crise migratoire avec la fuite de millions de Syriens. L’ONU espère un deuxième round autour du 9-10 avril.

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