Kim Jong-un © Reuters

La recette du succès de Kim Jong-un: des entreprises privées et des exécutions publiques

Muriel Lefevre

Kim Jong-un n’a pas une image très positive dans le monde occidental. Cependant on ne peut pas le résumer à son goût prononcé pour les exécutions. Il est aussi le premier de sa dynastie à faire des réformes destinées à ouvrir le marché. Cette dureté politique mêlée à une certaine souplesse économique pourrait remettre au goût du jour ce qu’on appelle le développement dictatorial.

Selon The Guardian le cliché d’une Corée du Nord qui ne serait qu’un pays stalinien et affamé est dépassé. Il n’est pas plus affamé que stalinien. Les experts s’accordent à dire que, cette dernière décennie, le pays a su se remettre de la désastreuse famine des années 90, mais a aussi connu une croissance significative. Les plus pessimistes annoncent une croissance de 1.5% alors que les plus optimistes parlent de 4%. Celle-ci serait surtout due à l’émergence d’une économie privée. Le fait que, sur papier, cela soit illégal ne semble pas empêcher grand monde de dormir puisque la loi n’est jamais, ou presque, appliquée. Ce qui a permis à certains Nord-Coréens – les plus entreprenants, chanceux et impitoyables d’entre eux – de créer, à partir de rien, une nouvelle économie. Toujours selon The Guardian, entre 30 et 50 % du produit intérieur brut viendrait de sociétés privées. Kim Jong-un encourage donc discrètement cette économie de marché. Son plus gros coup est sans aucun doute sa réforme de l’agriculture qui s’apparente à ce que la Chine a fait dans les années 70. Soit de donner des terres qui techniquement appartiennent à l’État aux agriculteurs pour qu’ils les cultivent contre une partie de leur récolte (entre 30%-70%).

Kim Jong-Un.
Kim Jong-Un.© Belga

Ce mécanisme a entraîné une augmentation des récoltes et le pays ne serait plus loin d’être autosuffisant en ce qui concerne la production de nourriture. Même la sécheresse de cette année n’aurait pas mis en danger ces résultats. Les fermiers travaillant pour eux, et non plus pour la gloire du parti, auraient trouvé des solutions. Si on rajoute à ça une réforme industrielle, on se rend compte que Kim Jong-un applique un modèle économique qu’on appelle le « capitalisme autoritaire » ou encore du « développement dictatorial ». Comme le fait remarquer The Guardian, ce modèle a déjà fait ses preuves en Chine et au Vietnam. Au point que des sondages auprès de ceux qui ont fui la Corée du Nord indique que Kim Jong-un est réellement populaire en son pays.

Des exécutions publiques

Pourtant ce dernier est encore plus répressif que son père et aucun assouplissement n’est à prévoir d’un point de vue politique. Cette dureté est probablement due à la présence d’un voisin beaucoup plus riche, la Corée du Sud. Les revenus moyens y sont 15 fois supérieurs. Le régime vit donc dans la crainte que la population ne se rende compte des innombrables richesses qu’il y a juste à côté et ne déserte en masse le pays. Au point que le simple fait de posséder une radio est un crime. Pour se maintenir au pouvoir et garder son peuple dans l’ignorance, le dictateur serre donc la visse et augmente les exécutions, publiques de préférence.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire