Des protestataires portant des masques à l'effigie de la présidente Park Geun-Hye et de sa confidente Choi Soon-Sil. © AFP

La présidente sud-coréenne n’est pas à l’abri d’une enquête

Un scandale politique qui n’en finit pas de faire des vagues en Corée du Sud menaçait jeudi la présidente Park Geun-Hye elle-même: tout juste désigné, son Premier ministre a prévenu qu’elle pourrait faire l’objet d’une enquête.

Vendredi, la présidente doit s’adresser à la nation, son deuxième discours depuis que le scandale a éclaté en octobre, a annoncé son porte-parole.

Parallèlement, Ahn Jong-Beom, l’un de ses anciens collaborateurs, a été placé en garde à vue dans ce scandale qui implique Choi Soon-Sil, 60 ans, ex-confidente de la présidente. Il est soupçonné d’avoir aidé Mme Choi à extorquer de l’argent aux principaux conglomérats du pays, selon l’agence sud-coréenne Yonhap.

M. Ahn avait été limogé dimanche tandis que Mme Choi avait été placée en garde à vue après son retour lundi d’Allemagne, où elle avait fui en septembre. Elle fait l’objet d’une demande d’arrestation formelle pour fraude et abus de pouvoir.

Mme Park essuie la colère grandissante de l’opinion dans cette affaire. Le taux de popularité de la présidente, dont le mandat expire dans un peu plus d’un an, est au plus bas.

En cause, une série de révélations selon lesquelles Mme Park se faisait conseiller pour la conduite des affaires de l’Etat par cette amie de 40 ans qui n’occupait aucun poste officiel et n’avait aucune habilitation en matière de sécurité.

Surnommée « Raspoutine » par les médias, Mme Choi est soupçonnée d’avoir eu son mot à dire sur les discours présidentiels, d’avoir eu accès à des documents confidentiels et d’avoir profité de son entregent pour son enrichissement personnel.

« Tous, y compris la présidente, sont égaux devant la loi », a déclaré lors d’une conférence de presse Kim Byong-Joon, que Mme Park vient de désigner comme Premier ministre après avoir limogé mercredi son ancien chef de gouvernement.

« A mon sens, il est (légalement) possible d’interroger et d’enquêter sur » un président en exercice, a-t-il ajouté.

Selon les termes de la Constitution sud-coréenne, un chef de l’Etat en exercice ne peut pas faire l’objet de poursuites pénales, sauf pour insurrection ou trahison.

Certains font valoir que le parquet peut enquêter sur un chef de l’Etat en vue d’éventuelles poursuites après expiration de son mandat.

Le ministre de la Justice Kim Hyun-Woong a lui aussi jugé que le parquet pouvait entendre Mme Park en fonction des nécessités de l’enquête.

Mme Choi dément s’être servie de ses liens d’amitié avec la présidente pour contraindre des groupes comme Samsung à verser à des fondations de grosses sommes d’argent, utilisées ensuite à des fins personnelles.

Les entreprises soupçonnées de telles largesses sont également visées et un cadre de Samsung a été entendu par les enquêteurs jeudi, selon Yonhap. Le plus grand conglomérat du pays est suspecté par ailleurs d’avoir financé à coups de millions d’euros les cours d’équitation de la fille de Mme Choi en Allemagne.

Mme Park, 74 ans, a tenté de surmonter la crise en faisant le ménage dans son entourage. Outre son Premier ministre, elle a limogé deux de ses principaux ministres.

Elle espère élargir son gouvernement au-delà de son parti conservateur Saenuri, avec par exemple la nomination de Kim Byong-Joon, un libéral, comme chef du gouvernement. En Corée du Sud, le poste de Premier ministre est largement honorifique.

Elle a également annoncé jeudi la nomination d’un nouveau chef du cabinet, Han Gwang-Ok, ancien collaborateur du président défunt Kim Dae-Jung, censé, selon la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne, remettre l’exécutif sur de bons rails.

Mais l’opposition dénonce un écran de fumée et réclame une enquête exhaustive sur les relations entre la présidente et Mme Choi. Elle menace de bloquer au Parlement la nomination du nouveau Premier ministre.

Mme Choi est la fille d’un mystérieux chef religieux, Choi Tae-Min, marié six fois. Doté de multiples pseudonymes, il avait fondé un mouvement aux allures sectaires baptisé l’Eglise de la vie éternelle. Il était devenu le mentor de la présidente après l’assassinat en 1974 de sa mère, dont il disait qu’elle lui était apparue en rêve. Ensuite, la présidente s’était liée d’amitié avec la fille du chef du culte religieux.

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