© AFP

La police a « collecté des preuves » dans l’affaire Khashoggi, le corps pas encore officiellement retrouvé

Les forces de sécurité turques ont perquisitionné mardi une villa de la province de Yalova, près d’Istanbul, dans le cadre de l’enquête sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, rapportent plusieurs médias locaux.

La police a « collecté des preuves » et quitté la villa de trois étages, d’après le quotidien Hurriyet.

Il s’agit de la maison d’un membre du « commando » saoudien, précise le journal Haberturk. Des enquêteurs turcs ont également effectué des recherches dans la forêt de Belgrade, près d’Istanbul.

Selon les déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan ce mardi, une mission de reconnaissance a été effectuée par un groupe de Saoudiens du consulat dans cette forêt ainsi qu’à Yalova, la veille de l’assassinat du journaliste.

Le corps de Khashoggi n’a officiellement pas été retrouvé

A ce stade, le corps de Khashoggi n’a officiellement pas été retrouvé. Plusieurs médias turcs ont relaté qu’après avoir tué le journaliste, les agents saoudiens l’avaient découpé en morceaux.

Recep Tayyip Erdogan a appelé mardi des proches de Jamal Khashoggi, leur promettant de « tout faire » pour « élucider » son meurtre dans le consulat de son pays à Istanbul, a indiqué une source présidentielle.

Reynders rappelle sa demande d’une enquête crédible et indépendante

« Nous avons une position commune en Europe, nous voulons une enquête menée à son terme de manière crédible et indépendante », a rappelé mardi le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders en réaction aux propos tenus le matin même par le président turc. Recep Tayyip Erdogan a indiqué que la mort du journaliste saoudien Jamal Kashoggi, qui a disparu du consulat d’Istanbul, avait été planifiée.

« Tout d’abord, cette déclaration nous conforte dans les difficultés que nous rencontrons avec la Turquie », a indiqué Didier Reynders depuis Lisbonne, où il accompagne le couple royal en visite d’état au Portugal.

« C’est le président qui parle lui-même des évolutions d’une enquête en cours. Sur ce dossier, nous avons une position commune en Europe, nous voulons une enquête menée à son terme de manière crédible et indépendante. Je n’ai pas entendu de réactions différentes de la part de collègues européens. »

« Ensuite, par rapport à l’Arabie saoudite, nous devons poursuivre un dialogue ouvert, même si nous ne sommes pas d’accord. Il n’est pas question de rompre purement et simplement les relations. En quoi cela améliorerait le sort des gens? « , s’est-il interrogé.

« Je trouve qu’avoir nommé une femme au poste d’ambassadeur à Ryad constitue un geste bien plus fort. »

À propos des livraisons d’armes au royaume saoudien, Didier Reynders a rappelé que les Régions étaient compétentes et avaient la possibilité de les suspendre.

« Chacun évoque un embargo européen mais quand la question à été mise sur la table à propos de la guerre au Yémen, il y a eu un non généralisé. Je crois toutefois que nous serons plus forts si nous discutons de cela au niveau européen. L’Allemagne plaide déjà pour une suspension temporaire. »

Le cabinet de Willy Borsus a de son côté précisé que le ministre-président wallon maintenait sa volonté de privilégier la concertation au niveau européen avant de décider de suspendre toute exportation d’armes vers l’Arabie saoudite. Cette option reste toutefois envisagée. Le royaume ultraconservateur est l’un des principaux clients de la FN Herstal.

Les USA exigent des réponses

Les Etats-Unis exigeront des réponses de l’Arabie saoudite après les affirmations du chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan sur le caractère prémédité du meurtre « brutal » du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, a déclaré mardi le vice-président américain Mike Pence.

« Le monde entier nous regarde. Les Américains veulent des réponses et nous allons exiger que ces réponses interviennent rapidement », a averti M. Pence, lors d’une rencontre organisée par le Washington Post, où collaborait régulièrement M. Khashoggi.

« Ce meurtre brutal d’un journaliste, d’un homme innocent, d’un dissident, ne sera pas laissé sans une réponse américaine, et je l’espère, sans une réponse internationale », a poursuivi Mike Pence. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait déclaré un peu plus tôt que le « meurtre sauvage » du journaliste saoudien Jamal Khashoggi avait été soigneusement planifié, appelant à punir toutes les personnes impliquées, y compris les « commanditaires ».

« Assaut sur une presse libre et indépendante »

Recep Tayyip Erdogan a promis à des proches de M. Khashoggi de « tout faire » pour « élucider » ce meurtre, qu’il a qualifié d' »assassinat politique », dans le consulat saoudien à Istanbul, a indiqué une source présidentielle turque.

Mike Pence, dont l’administration critique régulièrement les médias, a dénoncé un meurtre qualifié d' »assaut sur une presse libre et indépendante ». La veille, le président américain Donald Trump avait déjà fait part de son mécontentement face aux explications de Ryad. « Je ne suis pas satisfait de ce que j’ai entendu », a déclaré M. Trump depuis les jardins de la Maison Blanche, précisant qu’il avait parlé au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

« Nous allons exiger que les responsables soient tenus de rendre des comptes et une fois que nous aurons tous les faits, le président Trump prendra une décision se fondant sur les valeurs du peuple américain et sur nos intérêts nationaux fondamentaux », a dit son vice-président mardi.

« De nombreuses questions sans réponse », regrette le G7

Les ministres des Affaires étrangères du G7 ont déploré mardi que « les explications fournies » sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi « laissent de nombreuses questions sans réponse », dans un communiqué.

« La confirmation du meurtre » par les autorités saoudiennes « est un premier pas (…) mais les explications fournies laissent de nombreuses questions sans réponse », relève le texte, en appelant à une enquête « fouillée, crédible, transparente et rapide par l’Arabie saoudite, en collaboration avec les autorités turques ».

Contenu partenaire