La présidente argentine Cristina Kirchner durant son discours télévisé, Buenos Aires, le 26 janvier 2015 © Reuters

La mort du procureur Nisman est-elle liée à sa volonté d’arrêter la présidente Cristina Kirchner?

Le procureur Alberto Nisman, dont la mort non élucidée a secoué l’Argentine, avait un temps envisagé de demander la détention de la présidente Cristina Kirchner pour entrave à la justice, a déclaré mardi la procureure Viviana Fein.

Après avoir démenti lundi l’information, la procureure a fait état de la découverte dans une poubelle d’un brouillon de 26 pages en ce sens, daté du 14 juin 2014, lors de perquisitions dans l’appartement d’Alberto Nisman, où il est mort le 18 janvier.

Quatre jours plus tôt, Alberto Nisman, en charge de l’enquête sur l’attentat antijuif de l’AMIA (85 morts en 1994), avait accusé Mme Kirchner d’avoir fait entrave à la justice en favorisant l’impunité de suspects iraniens.

Dans son dossier d’accusation, M. Nisman n’a finalement pas inclus le document retrouvé dans la corbeille, selon Mme Fein, à la tête de l’enquête ouverte pour « mort suspecte ».

L’information sur l’existence du brouillon avait initialement été publiée dimanche par le quotidien Clarin, puis démentie lundi par Mme Fein et le chef du gouvernement Jorge Capitanich, qui avait déchiré l’article de Clarin devant les caméras de télévision.

Si M. Nisman avait finalement choisi de demander la détention de la présidente, sa requête aurait dû être validée par un juge, puis suivre un chemin judiciaire long et tortueux.

Enfin, le parlement aurait dû l’approuver à la majorité des deux tiers, alors que la coalition de Mme Kirchner détient la majorité dans les deux chambres.

En résumé, une telle demande aurait été vouée à l’échec.

Selon les éléments de l’autopsie et de l’enquête communiqués jusqu’ici par la procureure, les circonstances de la mort de M. Nisman laissent penser à un suicide mais la majorité des Argentins se demandent pourquoi le magistrat se serait tué alors qu’il devait présenter le lendemain devant le Congrès ses accusations contre Mme Kirchner et d’autres hauts fonctionnaires.

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