Benoit Hamon © REUTERS

La mise en examen de Benoît Hamon, du pain béni pour la fachosphère

Le Vif

La mise en examen de Benoit Hamon pour injure publique est une aubaine pour la fachosphère qui déplore « le silence des médias ». Seulement, si l’information est véridique, elle n’est pas récente et ne peut être comparée aux affaires dans lesquelles sont plongés François Fillon ou Marine Le Pen. Explications.

La fachosphère se régale de la mise en examen de Benoit Hamon pour injure publique à l’encontre du journaliste Nicolas Miguet. L’information a été relayée cette semaine par des sites d’actualité locale comme normandie-actu ou lereveilnormand (en raison de l’origine normande de Nicolas Miguet) et s’est ensuite répandue rapidement sur les sites d’extrême droite, tel que dreuz.info. La comparaison frontale avec les affaires d’emplois fictifs dans lesquelles sont empêtrés les deux autres candidats à la présidentielle, François Fillon et Marine Le Pen, a été vite faite.

Et pourtant, aucun média traditionnel n’en a fait sa une s’offusquent les porte-paroles de l’extrême-droite à l’instar de Louis Aliot, vice-président du Front national et député européen dans son tweet publié le 7 mars qui a lancé la soi-disant bombe:

Benoît Hamon, le candidat PS à l’Elysée, a bien fait l’objet d’une plainte pour ‘injure publique envers un particulier  » et a ensuite été mis en examen pour avoir publié en novembre 2015 un tweet peu élogieux à l’encontre de Nicolas Miguet. Dans son bref message, le candidat de gauche traite carrément d’escroc celui qui se présente comme journaliste, candidat à l’élection présidentielle et président du « Rassemblement des Contribuables Français »:

Suite à ce tweet, Nicolas Miguet a porté plainte pour injure publique, une information confirmée par Ali Rabeh, directeur du cabinet du candidat de gauche. « S’en est suivi une mise en examen, qui correspond tout à fait à une procédure automatique« , précise Ali Rabeh.

Une procédure automatique

La fachosphère crie au scandale sur le peu d’écho donné par la presse à cette information. Pourtant, selon les faits vérifiés par des journalistes français dans le cadre du projet CrossCheck contre la désinformation et les intox en tous genres, les deux affaires sont bien loin de comporter les mêmes implications.

Car, dans le cas d’Hamon, il s’agit avant tout d’une mise en examen automatique. La procédure classique en cas d’injure publique ou de diffamation a en effet été activée, selon l’article 80-1 du Code de procédure pénale explique LCI.fr.

« C’est purement technique, le juge d’instruction vérifie simplement l’identité de la personne visée par la plainte lors de l’interrogatoire de première comparution avant la mise en examen. Dans la mesure où Benoit Hamon semble avoir reconnu être l’auteur de la phrase incriminée, le renvoi est également quasi automatique« , confirme l’avocat Stéphane Babonneau, interrogé par L’Express.

Et en l’occurrence, le tweet de Benoît Hamon est toujours en ligne à l’heure actuelle. La mise en examen du candidat de gauche ne présente donc que peu de similitudes avec les déboires judiciaires beaucoup plus handicapants de François Fillon ou de Marine Le Pen.

De plus, si les médias n’ont pas fait grand bruit de cette affaire, c’est qu’elle remonte au 7 décembre dernier. Benoît Hamon ne « vient » donc pas d’être mis en examen, comme l’annonce Aliot dans son tweet mettant en émoi le sites d’extrême-droite.

De plus, le candidat PS n’est pas le seul homme politique à être impliqué dans ce type de procédure. Martine Aubry a, elle aussi, été mise en examen pour « diffamation » envers un élu lillois en décembre 2016 tout comme François Bayrou poursuivi depuis novembre 2016 pour diffamation contre une association de Pau. Hamon mis en examen, une non-information, donc.

Lire aussi: « Quand des pages Facebook d’extrême-droite diffusent des intox en série »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire