Le traumatisme des victimes d'attentats ne se limite pas aux souffrances physiques et psychiques. © PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN

La longue reconstruction des victimes d’attentats

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Dans Victimes, et après ? (Tracts Gallimard, 48 p.), le magistrat Antoine Garapon et le président de l’association de victimes Life for Paris : 13 novembre 2015 Arthur Dénouveaux appellent à cesser de réduire les rescapés d’attentats à leurs souffrances physiques ou psychiques.

Ils expliquent que  » toute victime est, par nature, une victime substituée  » parce qu’elle subit la violence à la place d’un autre, et que cette violence-là est  » plus insidieuse, plus existentielle « . Elle se traduit par un sentiment d’arrachement à la société, de sacralisation ambivalente ( » Le public compatit certes, mais en se réjouissant inconsciemment de ne pas faire partie du groupe maudit « ) et d’assignation forcée à un rôle ( » Incarner et conjurer le malheur « ). En outre, la victime de terrorisme ajoute à cette première substitution, de nature sociale, une seconde : ce n’est pas sa personne qui est visée mais le pouvoir dont elle ressort. Elle s’expose donc à une instrumentalisation double, par les terroristes et par le pouvoir. La victime peut-elle cesser de l’être ? Le travail de reconstruction doit s’assigner pour tâche de rétablir la cohérence de la vie, estiment les auteurs.  » Reprendre vie, réaffirmer sa volonté de vivre est la réponse à l’énigme du mal. C’est là qu’il faut situer la nouvelle autorité de la victime : elle n’a pas raison parce qu’elle a souffert mais, au contraire, parce qu’elle a dépassé la souffrance. « 

La longue reconstruction des victimes d'attentats

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