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La gauche latino-américaine dénonce un « coup d’Etat » contre Evo Morales

Le Vif

De nombreux responsables de la gauche latino-américaine ont qualifié dimanche de « coup d’Etat » les événements qui ont conduit à la démission du président bolivien Evo Morales.

Les dirigeants du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba, ainsi que le président élu argentin Alberto Fernandez et l’ancien président brésilien Lula, ont tous dénoncé un « coup d’Etat » contre M. Morales, qui a démissionné après des semaines de manifestations contre sa réélection en octobre et lâché par la police et par l’armée.

« Nous condamnons catégoriquement le coup d’Etat survenu contre le frère président Evo Morales », a écrit sur Twitter le président vénézuélien Nicolas Maduro.

Il a appelé à « la mobilisation pour exiger que soit préservée la vie des peuples indigènes boliviens, victimes du racisme ». M. Morales, au pouvoir pendant presque 14 ans, était le premier président indigène de la Bolivie.

Le président cubain Miguel Diaz-Canel a lui aussi condamné le « coup d’Etat violent et lâche de la droite contre la démocratie en Bolivie ».

« Le monde doit se mobiliser pour la vie et la liberté d’Evo », a déclaré M. Diaz-Canel sur Twitter, avec le hashtag #EvoNoEstasSolo (Evo, tu n’es pas seul).

– Solidarité –

Cuba, allié traditionnel du dirigeant socialiste bolivien, exprime sa « solidarité avec le frère président Evo Morales, protagoniste et symbole de la revendication des peuples indigènes de nos Amériques », a tweeté le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez.

Autre allié d’Evo Morales, le Nicaragua a « condamné énergiquement le coup d’Etat » contre le président bolivien.

« Nous exigeons que l’on respecte sa liberté, son intégrité physique et sa vie », a déclaré dans un communiqué le gouvernement du président nicaraguayen Daniel Ortega.

Le chef de la diplomatie mexicaine, Marcelo Ebrard, a déclaré sur les réseaux sociaux qu’en Bolivie « il y a une opération militaire en cours », et il a lui aussi qualifié de « coup d’Etat » ce qui s’est passé à La Paz.

– Offre d’asile –

M. Ebrard a annoncé que le Mexique hébergeait depuis dimanche « vingt personnalités de l’exécutif et du législatif de Bolivie » dans son ambassade à La Paz. « S’il en décidait ainsi, nous offririons aussi l’asile à Evo Morales », a écrit le ministre mexicain.

Le gouvernement colombien a demandé une « réunion urgente » du conseil permanent de l’Organisation des Etats américains (OEA) « afin de chercher des solutions à la complexe situation institutionnelle ».

Le Pérou s’est prononcé, dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères, pour « le rétablissement rapide de la coexistence pacifique entre tous les Boliviens » sur la base du respect de la Constitution et des lois.

Elections générales

Lima a appelé à « la tenue d’élections générales avec des garanties de transparence et la supervision de l’Organisation des Etats américains et d’autres instances internationales ».

L’ex-président péruvien Ollanta Humala a de son côté dénoncé une « rupture institutionnelle » et exprimé sa « solidarité » avec Evo Morales « obligé de prendre la décision de démissionner afin que la violence provoquée par l’opposition ne fasse pas plus de mal au peuple ».

En Argentine, le gouvernement du président libéral sortant Mauricio Macri a appelé « tous les acteurs politiques et sociaux à préserver la paix et le dialogue », dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Mais le président élu argentin, le péroniste de centre-gauche Alberto Fernandez, a parlé, lui, de « coup d’Etat ».

« En Bolivie a eu lieu un coup d’Etat produit par l’action conjointe de civils violents, du personnel policier qui s’est démobilisé et de la passivité de l’armée. C’est un coup perpétré contre le président @evoespueblo, qui avait convoqué un nouveau processus électoral », a écrit sur Twitter M. Fernandez, qui sera investi président le 10 décembre.

– « Rupture institutionnelle » –

« La rupture institutionnelle en Bolivie est inacceptable. Le peuple bolivien doit se prononcer le plus tôt possible, dans des élections libres, sur son prochain gouvernement », a ajouté M. Fernandez.

Sur l’autre bord de l’échiquier politique sud-américain, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro a attribué la chute d’Evo Morales aux fraudes commises selon l’opposition bolivienne dans les élections d’octobre, lors desquelles M. Morales a obtenu un quatrième mandat.

« Les dénonciations de fraudes ont abouti à la démission du président », a écrit M. Bolsonaro sur Twitter.

Mais son adversaire de gauche, l’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, sorti vendredi de prison à la faveur d’un arrêt de la Cour suprême, a condamné un coup de force.

« Je viens d’apprendre qu’il y a eu un coup d’Etat en Bolivie et que le camarade @evoespueblo a été obligé de démissionner », a écrit sur Twitter Lula, qui a été lorsqu’il était président un allié proche d’Evo Morales.

« Il est lamentable que l’Amérique latine ait une élite économique qui ne sait pas accepter la démocratie et l’inclusion sociale des plus pauvres », a ajouté Lula.

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