Rassemblement ému sur les lieux des attaques terroristes, quelques jours après ce 13 novembre funeste © Reuters

La France se recueille pour rendre hommage aux 130 victimes du 13 novembre

Le Vif

La France rend un hommage solennel vendredi aux 130 victimes des pires attentats de son histoire, en présence de leurs proches et de nombreux blessés, lors d’une cérémonie présidée par le chef de l’Etat François Hollande.

Deux semaines après les attaques jihadistes qui ont ensanglanté la capitale française, la cérémonie, que les autorités annoncent « très sobre », se déroulera de 09H30 à 10H30 GMT dans la Cour des Invalides à Paris, où repose l’empereur Napoléon (1769-1821) sous un imposant dôme doré.

Elle sera retransmise en direct sur plusieurs chaînes de télévision, à qui les autorités ont demandé de ne pas faire de gros plans sur les victimes et leurs proches. Les Français sont invités à s’associer à l’événement en arborant au même moment le drapeau national à leurs fenêtres.

M. Hollande mettra entre parenthèses une offensive diplomatique qui l’a mené de Washington à Moscou cette semaine, avant de remettre le cap dans l’après-midi vers Malte où se tient un sommet du Commonwealth.

Déterminé à « anéantir » le groupe Etat islamique (EI) qui a revendiqué les attentats de Paris, François Hollande plaide en faveur d’une meilleure coordination des pays engagés dans la lutte contre cette organisation.

A l’issue d’une rencontre jeudi à Moscou, le chef de l’Etat français et son homologue Vladimir Poutine ont décidé de « coordonner et intensifier » leurs bombardements aériens en Syrie contre l’EI, qui a également revendiqué l’attentat contre un avion de ligne russe qui s’était écrasé le 31 octobre en Egypte, tuant les 224 personnes à bord, quasiment toutes russes.

Les divergences entre Paris et Moscou demeurent: pour François Hollande, le président syrien Bachar al-Assad n’a pas « sa place dans la Syrie » de demain, tandis que le dirigeant russe Vladimir Poutine a déclaré que le régime de Damas, soutenu par le Kremlin depuis le début du conflit, est son « allié naturel dans la lutte contre le terrorisme ».

Hommage à une génération

Le chef de l’Etat français, seul orateur vendredi, prononcera un discours d’hommage d’une vingtaine de minutes. « A travers son hommage aux victimes, il rendra aussi hommage à une génération », celle de la salle de concerts du Bataclan et des terrasses des cafés parisiens mitraillées où la moyenne d’âge était de 35 ans, a confié un de ses proches.

Même si son action – qui comprend un tour de vis sécuritaire dans le pays, au grand dam d’organisation de défense des droits de l’Homme – est approuvée par une large majorité des Français, certains proches des personnes tuées par les jihadistes ont décidé de boycotter la cérémonie.

Ils accusent le gouvernement socialiste de ne pas avoir réagi avec suffisamment de fermeté après la première vague d’attentats à Paris, en janvier. 17 personnes avaient alors péri dans des attaques contre le journal satirique Charlie Hebdo, des policiers et un supermarché cacher.

Forces spéciales américaines à Kobané

Au plan diplomatique, la coordination de la lutte contre l’EI s’est complexifiée depuis la perte d’un bombardier russe, abattu mardi par la Turquie (membre de l’Otan et de la coalition anti-EI menée par les Etats-Unis) au motif qu’il aurait violé son espace aérien.

Vladimir Poutine a demandé des « excuses claires » à Ankara après ce premier accroc dans l’intervention militaire lancée le 30 septembre par la Russie en Syrie. Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que c’était à Moscou de s’excuser, affirmant en outre avoir tenté en vain de joindre le Kremlin, ce qu’a démenti le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Ce dernier doit rencontrer vendredi son homologue syrien, Walid Mouallem.

Les Etats-Unis ont fait entrer plusieurs dizaines de soldats de leurs forces spéciales dans le nord de la Syrie, notamment à Kobané dévastée par les combats, pour entraîner et assister des combattants kurdes en prévision de nouvelles offensives contre l’EI.

Ce déploiement, le premier officiel du genre, vise à « organiser » les forces locales anti-EI, selon Brett McGurk, envoyé spécial du président Barack Obama pour la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. Il s’agit à terme d' »isoler » Raqa, capitale de facto de l’EI en Syrie.

Après les attentats de Paris et contre l’avion de ligne russe, Raqa est la principale cible des raids aériens de la Russie et de la France.

Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques réclamant des réformes, le conflit syrien – qui a fait plus de 250.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés – est devenu complexe avec une multiplication des acteurs, locaux et étrangers sur un territoire morcelé.

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