Manifestation Amnesty International à Oslo © Getty Images

La directrice d’Amnesty Turquie jugée pour « appartenance à une organisation terroriste »

Stagiaire Le Vif

Hier, lundi 17 juillet, le procureur d’Etat turc a demandé le placement en détention d’Idil Eser, la directrice d’Amnesty International Turquie ainsi que de neuf autres militants des droits de l’homme, dans l’attente de leur procès pour « appartenance à une organisation terroriste »

Deux jours jours après l’anniversaire du coup d’état raté en Turquie, la décision est tombée pour Idil Eser et les autres militants : le parquet a demandé leur maintien en détention jusqu’à leur procès. La directrice d’Amnesty International Turquie avait été arrêtée, avec neuf autres activistes, le 5 juillet alors qu’ils participaient à une conférence, près d’Istanbul. Leur garde à vue avait été préalablement prolongée le 11 juillet jusqu’au 19 juillet.

Cette décision confirme les craintes d’Amnesty International Turquie qui voit deux de ses responsables derrière les barreaux. Début juin, Taner Kilic, président d’Amnesty International Turquie, avait lui aussi été emmené par la police. Il a été arrêté en même temps que 22 autres avocats avant d’être inculpé trois jours plus tard, du même chef d’accusation qu’Idil Eser et les autres militants. Taner Kilic a été arrêté et accusé d’avoir utilisé en août 2014 Bylock, une application de messagerie pour téléphone portable, créée et utilisée par les soutiens de Fethullah Gulen, farouche opposant d’Erdogan.

L’utilisation de l’expression  » organisation terroriste » n’est pas anodine. Pour les autorités turques, cela désigne les partisans de Gullen. Le prédicateur turc est accusé d’être à l’origine du putsch manqué du 15 juillet 2016. Le président Erdogan avait d’ailleurs ouvertement accusé les militants arrêtés de mener des activités s’inscrivant « dans la continuité du (putsch du) 15 juillet ».

Ces arrestations se rajoutent à celles des 50.000 personnes emprisonnées depuis le putsch avorté. La purge, qui dure depuis un an, est des plus impressionnantes, avec plus de 100.000 personnes limogées ou suspendues. La grande majorité fait partie de la magistrature, de l’armée ou encore du corps enseignant. Amnesty International Turquie n’est pas la seule ONG touchée, une centaine d’entre elles ont été fermées depuis l’année dernière.

Eléonore Loisel

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