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La crise économique, un enfer au quotidien pour les Vénézuéliens

Le Vif

Sur une avenue de Maracaibo, deuxième ville du Venezuela et coeur battant de l’industrie pétrolière du pays, les bus ne circulent plus, faute de pièces détachées: à la place, les passagers se pressent dans un petit train touristique qui joue les transporteurs.

Problèmes de transports, coupures d’électricité, heures d’attente face aux supermarchés, insécurité croissante: dans un Venezuela ruiné par la chute des cours du brut, les Vénézuéliens, toutes classes confondues, souffrent chaque jour des conséquences de l’interminable crise économique.

Víctor Colina, 52 ans conduit le petit train. Avant la crise, ce technicien qui réparait frigos et machines à laver, pesait 110 kilos. « Je vais voir comment je m’en sors en travaillant avec », dit celui qui ne pèse plus que 58 kilos.

Une vingtaine de personnes sont montées à bord de la seule voiture de ce petit train touristique. Les deux autres sont immobilisées car les pneus sont introuvables dans ce pays pétrolier.

Maria Rangel, employée de banque de 40 ans, fait partie des passagers. « Le petit train c’est ce qu’il y a de plus décent en comparaison avec les camions où on voyage comme des ânes ou des vaches », juge-t-elle.

Victor, à ses côtés, estime avoir le pouvoir de changer les choses grâce à son vote à la présidentielle de dimanche. « Ce gouvernement nous a ruiné la vie à tous. Que (les candidats) soient chavistes ou de l’opposition, il faut aller voter pour chasser » ceux qui sont au pouvoir.

Depuis sa modeste ferme, dans une zone rurale de Maracaibo, Rodoldo Graterol peut voir le mouvement de balancier d’un puits de pétrole, découvert dans cette zone il y a un siècle.

« On a du pétrole tout près, mais ça ne veut rien dire pour nous », raconte cette homme de 29 ans.

Ce même sentiment de privation se retrouve à Caracas, de bas en haut de l’échelle sociale.

Alida Huzz, modeste vendeuse qui vit dans une favela de l’ouest de la capitale, rêve de manger un plat complet.

« Le cinéma? Trop cher »

« Ca fait longtemps que j’ai envie de manger du poulet avec du riz et des pommes de terre. J’ai le riz et les pommes de terre, mais pas de poulet. Tu travailles et tu travailles, pour rien. Avant, tu pouvais manger ce que tu voulais, plus maintenant », déclare-t-elle à l’AFP.

Comme Alina, sa voisine, Reina Rojas, femme au foyer de 50 ans, reçoit du gouvernement toutes les six semaines une caisse d’aliments à prix subventionnés, mais la variété n’est pas au rendez-vous.

« Il n’y que trois kilos de riz, trois paquets de spaghettis et de l’huile. Qui peut vivre avec ça? », se plaint Reina qui ira voter dimanche pour sortir de « ce cauchemar ».

Federico Pereney, journaliste de 41 ans, a quitté son travail en septembre en réalisant que son salaire mensuel venait de partir dans une pizza qu’il partageait avec sa petite amie.

Il est désormais à son compte et il peine toujours à joindre les deux bouts avec ce qu’il gagne et le salaire de sa compagne. Côté loisirs, « on ne va plus au cinéma, c’est trop cher ». Le couple n’a plus les moyens de réparer l’air conditionné de la voiture, ni d’acheter de nouveaux vêtements. Ils font plutôt repriser les vieux.

Dans les quartiers cossus de l’est de Caracas, Corina Sosa vit dans une vaste demeure entourée d’oeuvres d’art et de personnel de maison à l’air affairé.

Pour cette femme agent immobilier et son mari avocat, la crise se traduit d’une autre façon: la famille à dû limiter les voyages et les sorties au restaurant.

« Avant, on pouvait réunir des amis à la maison, sortir manger, désormais, on s’en tient à acheter de quoi manger et payer les salaires (des employés). Avant, on économisait pour voyager, ce n’est plus le cas », confie-t-elle à l’AFP.

A l’extérieur, plusieurs 4X4 de la famille sont immobilisés, faute de pièces de rechanges, introuvables ou trop chères.

« Demander une bouteille de whisky dans un restaurant, c’est impossible » désormais, se lamente son fils Pedro, 28 ans, qui exerce également en tant qu’avocat.

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