© iStock

La biométrie au service d’une « Europe plus accueillante »

Stagiaire Le Vif

Une gigantesque plateforme de récolte de données biométriques va-t-elle être mise en place au sein de l’Union européenne ? C’est en tout cas la volonté du commissaire européen grec Dimitris Avramopoulos. Ce dernier veut établir un système plus agréable pour les voyageurs qui passent les frontières de l’UE.

Le 23 février dernier, Dimitris Avramopoulos, désigné au poste de commissaire européen aux Migrations et Affaires intérieures de la commission Juncker, a présenté une version modifiée du projet initial sur les frontières intelligentes. Cette initiative, largement controversée, avait pour but de simplifier et de renforcer les procédures de vérification aux frontières pour les étrangers qui se rendent dans l’Union.

Dimitris Avramopoulos a vivement défendu l’idée selon laquelle la récolte de données biométriques, telles que la reconnaissance faciale et les empreintes digitales des individus, pourraient rendre l’accès à l’Europe plus attrayant. Le temps passé aux douanes des frontières extérieures serait diminué. Ce système pourrait également résoudre le problème de ceux « qui ne respectent pas les conditions de séjour. »

Comme la version initiale du projet, celle-ci se base sur deux types de mesures pour récolter et stocker les données biométriques de voyageurs non européens. Tout d’abord, un système d’entrées-sorties (EES) sera mis en place pour les voyageurs irréguliers. Ceux-ci devront se soumettre à un examen complet de leurs données biométriques au moment de leur arrivée. Leurs dates et lieux d’entrée/sortie seront encodés afin que le système électronique calcule et avertisse les autorités de la date d’expiration du voyage. Ensuite, un programme d’enregistrement des voyageurs (RTP) sera utilisé pour les visiteurs fréquents qui n’auraient plus qu’à fournir une carte spéciale en arrivant sur le territoire. Ce qui permettra un contrôle beaucoup plus rapide qu’à l’heure actuelle, selon le projet de Dimitris Avramopoulos.

Un rapport récent expose la volonté de la Commission de conserver ces données privées pour cinq ans.

Une mesure qui fait débat

Les détracteurs du projet s’insurgent contre cette initiative qui poserait, selon eux, un réel problème en termes de protection de la vie privée. La députée européenne slovène, Tanja Fajon, a notamment précisé que « cette collecte massive de données privées sans discernement et sans aucune cause majeure devrait tous nous concerner. »

Cette mesure inquiète également les défenseurs de la vie privée, car cette immense base de données pourrait être librement accessible aux forces de police des pays de l’Union européenne.

Une réticence se fait aussi ressentir quant au coût que le projet risque d’engendrer. Dans le courant du mois de mars, un test grandeur nature sera mis en place dans « une demi-douzaine d’aéroports et autres points de contrôles maritimes, ferrés ou routiers » et coûtera près d’un milliard d’euros. Une somme qui poserait problème, selon eux, sachant qu’un système d’information sur les visas (VIS) existe déjà à travers l’espace Schengen.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire