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L’univers glaçant des tueurs en série

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Ils tuent par plaisir ou par soif de pouvoir, pour répondre à une « vision » ou remplir une « mission ». Mais au premier abord, ils apparaissent affables. C’est pourquoi ils suscitent intérêt et fascination. A lire dans Le Vif/L’Express de cette semaine, une plongée au coeur des pires assassinats en série, des Etats-Unis à la Russie.

Ils révulsent. Ils fascinent. Et la sophistication de leurs crimes ne réduit pas l’intérêt qui leur est porté, au contraire. C’est bien parce que leur comportement dépasse l’entendement qu’ils suscitent de la curiosité. Pourquoi, sur la base de quels ressorts en arrivent-ils à user d’une telle cruauté ? Si éloignée de ce que peut accepter le commun des mortels, quoique…

Le tueur en série est une figure ancienne de la criminalité. Mais « depuis l’apparition des techniques de dépistage médico-légales, le nombre de victimes par tueur a baissé. Ce que les serial killers perdent en taux de mortalité, ils le gagnent en popularité, en sensationnalisme », analyse Brad James, auteur de Dans la tête d’un serial killer (1). Preuve de cette attirance, l’image du tueur en série est finalement plus répandue dans la fiction que dans la réalité. Hannibal Lecter, du Silence des agneaux, ou Dexter Morgan, de la série télé, sont devenus des personnages cultes.

Si les tueurs en série sont à ce point exposés dans les romans ou à l’écran, c’est parce qu’ils offrent une complexité propice à la fiction. Une typologie éprouvée, celle des experts en criminologie Ronald Holmes et James DeBurger (reprise par Brad James), distingue quatre grandes familles de meurtriers multiples : les visionnaires (poussés par des visions dont ils ne savent pas se libérer), les « investis d’une mission » (celle, par exemple, de « débarrasser le monde d’un groupe humain nuisible »), les hédonistes (mus par le plaisir de la mort et l’excitation qu’elle procure), et ceux qui recherchent le pouvoir (la quête s’exprime par un contrôle absolu sur la victime).

Ces motivations diverses n’empêchent pas que les tueurs en série affichent si pas des constantes partagées, en tout cas des comportements majoritaires. « Avec les serial killers, nous découvrons souvent un psychisme profondément blessé infligeant sa rage à ses victimes, via des scénarios sexuels mélangeant intimité, plaisir et mort », note Brad James. Selon le spécialiste français Stéphane Bourgoin, « dans 9 cas sur 10 en France, les tueurs en série étaient connus pour vols ou agressions avant de commettre leurs crimes ».

Mais s’il révèle des antécédents de petite délinquance ou des prédispositions psychologiques au terme de l’enquête, le tueur, avant d’être confondu, renvoie le plus souvent l’image d’un homme affable, lisse et, somme toute, semblable à Monsieur Tout-le-Monde. Ce trait accroît la fascination que le serial killer exerce parce que le masque de la normalité cache évidemment un caractère hors-norme. On est face à « des gens superficiellement agréables, mais n’ayant que peu ou pas la capacité de ressentir de l’empathie, des remords ou de la compassion », diagnostique Brad James. Psychopathes mais pas psychotiques.

(1) Dans la tête d’un serial killer. Nouvelle approche psychologique, par Brad James, éd. Les Pages ouvertes, 174 p.

A lire dans Le Vif/L’Express de cette semaine, les parcours du tueur de ladies Harold Shipman, des meurtriers des landes Myra Hindley et Ian Brady, du champion des champions de l’horreur Andreï Tchikatilo, du tueur à l’échiquier Alexandre Pitchouchkine et celui des assassins par petites annonces Richard Beasley et Brogan Rafferty.

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