Jyrki Katainen © Reuters

L’UE croit encore possible d’éviter une guerre commerciale avec Trump

Le Vif

Il existe encore « une fenêtre d’opportunité » pour que l’UE évite une guerre commerciale avec les Etats-Unis et son président Donald Trump, qui projette de taxer lourdement l’acier et l’aluminium, a estimé vendredi dans un entretien à l’AFP le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen.

« Une petite fenêtre d’opportunité reste ouverte », a affirmé le commissaire finlandais. « Le président des Etats-Unis n’a pas encore signé les propositions. Donc nous espérons qu’il reconsidérera ses intentions », a-t-il ajouté.

Donald Trump a annoncé jeudi soir son intention d’imposer la semaine prochaine des droits de douane de 25% pour l’acier et de 10% pour l’aluminium sur les importations aux Etats-Unis afin de protéger l’industrie sidérurgique nationale. Il n’a toutefois pas dit quels pays seraient visés.

« Nous sommes proches d’une guerre commerciale généralisée et dans ce type de guerre, il n’y a que des victimes et pas de gagnants », a souligné M. Katainen.

Mais « nous n’acceptons pas l’action unilatérale contre nous (…) et le reste du monde », a-t-il cependant ajouté, réaffirmant que l’UE, deuxième producteur mondial d’acier après la Chine, se tenait prête à réagir si les intentions américaines étaient confirmées.

Il a expliqué que les contre-mesures européennes, déjà « prêtes depuis un certain temps », seraient en conformité avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et qu’elles compenseraient en valeur les pertes potentielles pour l’industrie européenne.

Certaines mesures toucheront les produits en acier et en aluminium américains, d’autres le secteur alimentaire ou les produits de consommation.

La Commission élabore, entre autres, une liste ciblée de produits américains qu’elle pourrait lourdement taxer afin d’envoyer « un message politique » à Donald Trump.

-‘Mauvais remède’-

Cette liste n’est semble-t-il pas arrêtée, mais Jean-Claude-Juncker, en déplacement à Hambourg, en Allemagne, a affirmé qu’elle viserait notamment les exportations de Harley-Davidson, de bourbon et de jeans Levi’s.

L’UE avait dans le passé déjà menacé de mettre en oeuvre des telles mesures, quand l’administration Bush avait déclenché une « guerre de l’acier » en 2002.

La liste ne s’arrêtait déjà pas aux produits sidérurgiques, mais comportait aussi des produits comme le jus d’orange, les pommes, les lunettes de soleil, des bateaux à moteurs ou les photocopieuses, pour un montant correspondant globalement au préjudice subi par les exportateurs d’acier européens.

Les Etats-Unis avaient finalement renoncé à leurs mesures avant que l’UE n’ait mis sa menace à exécution.

« Nous ne souhaitons pas mettre (ces mesures) en oeuvre, mais si les Etats-Unis veulent intentionnellement causer du tort à leurs plus proches alliés (…) nous devons réagir », a prévenu M. Katainen.

Le Finlandais, notamment en charge des portefeuilles de la Croissance et de la Compétitivité à la Commission, a également affirmé que l’UE allait contacter les autres pays concernés par les mesures américaines, y compris la Chine, pour déposer si besoin « une plainte commune devant l’OMC ».

Sur la Chine, de loin le premier producteur mondial et qui inonde le marché de produits soupçonnés d’être largement subventionnés, M. Katainen a indiqué qu’il partageait les inquiétudes américaines.

« Mais le remède n’est pas le bon », a-t-il martelé, détectant derrière les annonces de Washington la volonté « d’influencer sa balance commerciale » avec ses partenaires.

« Tout cela n’a rien à voir avec une surcapacité (sur le marché de l’acier). Le président américain s’inquiète de ses déficits commerciaux avec les pays européens », a-t-il analysé.

« Il veulent nous nuire intentionnellement, mais nous ne faisons pas partie du problème, nous sommes supposés faire partie de la solution », a-t-il conclu.

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